Par Jacques Droz
Né le 11 juillet 1818 à Neisse (Silésie), mort le 25 mars 1872 à Berlin ; socialiste berlinois de 1848.
Élève officier à Potsdam, en garnison à Sarrebruck, homme de théâtre et de lettre, Wilhelm Held édita à Leipzig le journal Die Lokomotive qui se vendit bientôt à douze mille exemplaires et dont il poursuivit la publication sous d’autres titres après son interdiction en 1843, ce qui lui valut de multiples accrochages avec la censure. Libéré par la révolution de la forteresse de Magdeburg, il s’établit à Berlin en mars 1848 sous les tentes (Unter den Zelten) du Tiergarten où il jouit d’une vaste popularité, notamment auprès des « métallos » de l’usine Borsig qui constituaient alors l’élite du prolétariat berlinois. Sa barbe martiale et son chapeau à la Hecker inspiré des Räuber (brigands) de Schiller, contribuèrent à son succès. Mais Die Lokomotive dont il avait repris la publication développa, malgré ses violences verbales, les thèmes d’un socialisme d’État dont il attendait qu’il réglementât les salaires, les diverses branches de l’économie sociale et jusqu’au nombre des naissances, pour lesquelles il préconisa l’utilisation des méthodes anticonceptionnelles. Au fond il souhaitait l’alliance de la monarchie et des classes populaires contre la bourgeoisie libérale. Mais cette orientation césarienne qui annonçait Lassalle et qui excluait toute manifestation et tout tumulte, n’était pas sans inquiéter la gauche berlinoise qui le soupçonnait d’être au service du gouvernement ; une intervention populaire au Politischer Klub mit fin à son activité publique. De fait, violemment antiparlementaire, il complota avec le prince de Prusse, fils de Frédéric-Guillaume IV, pour que fût close l’ère révolutionnaire. Ses intrigues avec une dame de l’aristocratie, Fräulein von Hake, chez qui il reçut des émissaires du réactionnaire Preussenverein, achevèrent de le disqualifier. Se retirant de la politique après l’échec de la révolution, il accepta la charge d’inspecteur des tourbières royales.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Berlin von der Revolution bis zur Verfassung oder Geschichte der Berliner Revolutions-Epoche, 1849.
SOURCES : K. Griewank, F. W. Held und der vulgäre Liberalismus und Radikalismus in Leipzig und Berlin 1842-1849, Diss. Rostock, 1922. — K. Obermann, Die deutschen Arbeiter in der Révolution von 1848, Berlin-Est, 1953. — J. Droz, Les révolutions allemandes de 1848, Paris, 1957.