Par Jacques Droz
Né le 11 janvier 1868 à Altona, mort le 24 février 1946 à Wannfeld (Saxe) ; parlementaire social-démocrate de gauche.
Cigarier comme son père, Alfred Henke militait depuis 1895 dans le parti et le syndicat. Il dirigeait l’Arbeiterbildungsverein d’Altona puis devint le rédacteur de la Bremer Bürgerzeitung, où il fit paraître un article de Rosa Luxemburg qui dénonçait le « crétinisme parlementaire » du SPD. Il s’intéressa — aux côtés de Pieck — à la vie culturelle dans le monde ouvrier de Brême, où il suscita d’amples discussions sur le théâtre prolétarien, qui le nomma conseiller municipal en 1906, puis l’envoya au Reichstag en 1912. Situé dans les congrès à la gauche du parti, il soutint en 1913, au congrès de Iéna, le principe de la grève de masses défendu par Rosa Luxemburg, mais il n’alla pas jusqu’à appuyer la même année la grève des dockers. Il devait conserver cette position « centriste » pendant la guerre : après avoir fait campagne contre l’utilisation de la russophobie pour entraîner les ouvriers à la guerre, il fit partie du groupe minoritaire qui refusa en commission, le 3 août, le vote des crédits militaires. Il signa, en juin 1915, la lettre de protestation de Liebknecht contre la politique d’Union sacrée, mais ce ne fut qu’en décembre 1915 qu’il vota contre les crédits militaires. Exclu du SPD, il appartenait à l’Arbeitsgemeinschaft, pour laquelle il dirigeait la Bremer Bürgerzeitung, tout en donnant parfois à ce journal, du fait de la pression ouvrière, une orientation plus radicale. En 1917, il entra à l’USPD, présida le conseil d’ouvriers et de soldats de Brême et, bien qu’il ne partageât pas les idées des Communistes internationalistes (IKD), entra aux côtés de Knief dans le Conseil des commissaires du peuple de l’éphémère République de Brême (mars 1919). Élu à l’Assemblée nationale puis au Reichstag, auquel il appartint jusqu’en 1932, il joua un certain rôle dans l’USPD comme successeur de Haase, mais s’opposa à la fusion avec le Parti communiste et rejoignit le SPD en 1922. Quelque temps maire de Berlin-Reinickendorf, il fut démis et pensionné à la fois par le régime nazi.
Par Jacques Droz
SOURCES : K.E. Moring, Die Sozialdemokratische Partei in Bremen 1890-1914, Hanovre, 1968. — E. Lucas, Die Sozialdemokratie in Bremen während des Ersten Weltkrieges, Brême,1969. — Lexikon, op. cit.