Par Jacques Droz
Né le 23 mal 1888 à Worms, mort !e 23 octobre 1961 à Berlin ; parlementaire social-démocrate de gauche, militant antinazi.
Né dans une famille de commerçants Israélites, après de brillantes études, Paul Hertz entra de bonne heure au SPD mais, ayant collaboré à la Leipziger Volkszeitung, il adhéra pendant la guerre à l’USPD où il dirigea le journal Die Freiheit, pour revenir en 1922 au SPD. Il fut, de 1919 à 1925, conseiller municipal dé Berlin et de 1920 à 1933, membre du Reichstag. Expert financier, il refusa en 1929 la succession de Hilferding au ministère des Finances. Après l’avènement de Hitler, il fut élu membre du Parteivorstand et émigra à Prague. Lors du départ d’Aufhauser et de Böchel, il demeurait le seul membre de la SOPADE attaché aux idées de la gauche du parti et ce fut dans cet esprit qu’il dirigeait la Sozialistische Aktion, favorable à la lutte des classes. Aussi se montra-t-il moins sévère que la SOPADE aux tentatives de Front populaire qui s’ébauchèrent à Paris en 1935 et il désapprouva l’attitude d’indifférence de celle-ci au cours de la guerre d’Espagne. En 1935, il s’était rapproché de Neu Beginnen, dont il était le répondant auprès de la SOPADE ; à Paris, où il avait émigré avec ses compagnons, il donna son appui à la tentative de ce groupe pour réunir toutes les organisations allemandes et autrichiennes se réclamant du socialisme dans un seul parti (Arbeitsgemeinschaft für înlandsarbeit), où la SOPADE n’aurait qu’une voix parmi les autres. Cette tentative eut un large écho dans les milieux sociaux-démocrates de Paris, mais se heurta à l’opposition de la SOPADE, qui invoqua le mandat qu’elle avait reçu du SPD pour conserver son rôle directeur. S ’étant lui-même exclu delà SOPADE en mars 1938, Hertz se rapprocha de Münzenberg avec lequel il travailla dans l’Union franco-allemande.
Débarqué aux États-Unis fin 1939, il s’y présentait avec Karl Frank comme le représentant de Neu Beginnen, auquel il intéressa les American Friends of German Freedom. Il entra par contre en conflit avec Stampfer et s’appuya sur certains émigrés, Maria Juchacz et Georg Dietrich, pour empêcher que la German Labour Delegation (GLD) fasse abstraction de la gauche du parti. Soutenu par les mêmes personnalités, il se refusa à suivre l’appel de Vogel, venu d’Angleterre pour tenter de reconstituer la direction du Parti social-démocrate et de faire reconnaître le « mandat » reçu par la SOPADE. A la fin de la guerre, il était entré dans le Council for a Démocratie Germany de Tillich.
De retour en Allemagne, il fut désigné par Ernst Reuter comme conseiller financier du Magistrat de Berlin. Il exerça jusqu’à sa mort de hautes fonctions financières et économiques, s’occupant en particulier des crédits issus du plan Marshall.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Die Münchener Tragödie, 1919.
SOURCES : K. Kliem, Der sozialistische Widerstand gegen das Dritte Reich, dargestellt and er Gruppe « Neu Beginnen », Diss. Marburg, 1957. — L.J. Edinger, German Exile Politics, Los Angeles, 1956. — G. Plum, « Volksfront, Konzentration und Mandatsfrage. Ein Beitrag zur Geschichte der SPD im Exil », in Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte, 18,1970. — Rœder et Strauss, op. cit.