Par Serge Cosseron
Né le 17 août 1885 à Berlin, mort le 1cr octobre 1972 à Hambourg ; écrivain et publiciste socialiste et pacifiste.
Fils d’un marchand juif et d’une nièce du dirigeant social-démocrate Paul Singer, après avoir obtenu son diplôme de doctorat de droit à Heidelberg en 1907, se décida à s’installer à Berlin, où il fonda le Neuer Club et le cabaret Gnu, pour y mener une activité politique et littéraire. Il participa à de nombreuses revues libérales et socialistes ainsi qu’à celles de l’avant-garde expressionniste comme Simplicissimus, Die Aktion, Sturm, etc., avant de publier lui-même la revue Das Ziel. Jahrbuch für geistige Politik (Le But. Chronique de politique spirituelle) de 1915 à 1924, où il diffusait ses idées Iogocratiques, fondement du mouvement Aktivismus dont il fut le fondateur.
Très actif parmi les intellectuels pendant la révolution de Novembre, il fut porté par ses pairs à la tête du Conseil politique des travailleurs intellectuels. Socialiste, pacifiste, il adhéra en 1920 à la Deutsche Friedensgesellschafi (Société allemande pour la paix). Son goût immodéré pour la polémique lui valut une réputation singulièrement contrastée. Bien que hostile au bolchevisme et plus tard à Staline, il préconisa une orientation vers l’Est de la politique allemande et alla même jusqu’à prétendre que le pacifiste F.W. Fœrster avait reçu de l’argent français. A partir de 1926, il fonda la Gruppe revolutionärer Pazifisten qui promut l’idée d’unité d’action entre socialistes, pacifistes et communistes. Arrêté et torturé au camp de concentration d’Oranienburg dès 1933, il profita d’une libération pour gagner Prague en 1934 — d’où il s’associa aux diverses tentatives pour former un Front populaire contre Hitler —, puis à Londres en 1938, où il déploya une activité considérable, créant dans les différentes capitales de l’émigration le Freiheitsbund deutscher Sozialisten (Ligue libérale des socialistes allemands, FDS), par lequel il espérait créer un socialisme aristocratique qui, sous le signe de Nelson, Russell et Gide, porterait au pouvoir des personnalités supérieures du point de vue éthique et susceptibles de soutenir un nouvel ordre social : élitisme radical qu’il renforça encore par la présidence de la Gruppe unabhängiger deutscher Autoren (Groupement d’écrivains allemands indépendants, GUDA), qui donna une grande publicité à sa correspondance. Hiller ne put cependant obtenir l’unité de la gauche, par suite de la persistance de son antiparlementarisme. Un an après son retour dans l’Allemagne de l’Ouest en 1955, il devint président du Neusozialistischer Bund. En 1969, il fut consacré comme poète et écrivain par son élection à l’Académie libre des arts à Hambourg.
Par Serge Cosseron
ŒUVRE : Das Recht auf sich selbst, 1908. — Die Weisheit der Langeweîle, 1913. — Geist werde Herr, 1920. — Der Aufbruch zum Paradies, 1922. — Verwirklichung des Geistes im Staat, 1925. — Profile, 1938. — Köpfe und Tropfe, 1950. — Leben gegen die Zeit Erinnerungen, 1969- 1973.
SOURCES : L.D. Wurgart, The Activists. K. Hiller and the Politics of Action on the German Left 1914-1933, Philadelphie, 1977. — R. Schumann, « Kurt Hiller zwischen Pazifismus und Reaktion », in Zeitschrift fur Geschichtswissenschaft, 10,1980. — H. Donat, K. Holl, Hermes Handlexikon. Die Friedensbewegung, Düsseldorf, 1983. — S. Reinhardt (éd.), Kurt Hiller : Politische Publizistik 1918-1939, Heidelberg, 1983. — Durzak, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.