HITZE Franz

Par Jacques Droz

Né le 16 mars 1851 à Hanemicke, près d’Oipe (Sauerland), mort le 20 juillet 1921 à Bad Nauheim ; parlementaire catholique, partisan du catholicisme social.

D’origine paysanne, né dans une famille aisée, Franz Hitze s’intéressa très jeune aux problèmes sociaux, auxquels il fut initié par le prêtre westphalien Wilhelm Hohoff, grand connaisseur de Marx et par ses études à l’Université de Wurzbourg. Dans un livre qu’il avait publié en 1877, Die soziale Frage und die Bestrebungen zu ihrer Lösung (La question sociale et les tentatives en vue de leur solution), il avait, à la lumière des œuvres de Marx et de Lassalle, montré une vive hostilité à l’égard du libéralisme et du capitalisme et préconisé une reconstitution de la société selon les principes des Stände (états), réorganisés selon leur impor­tance économique et sociale. Ordonné prêtre en 1878, après un court séjour à Rome, il fut appelé par l’industriel catholique Franz Brandt pour s’occuper à Mönchengladbach des questions ouvrières : il prit la direction de l’œuvre Arbeiterwohl (Bien-être ouvrier), donna une vive impulsion à la constitution l’Arbeitervereine catholiques et au développement du syndicalisme chrétien. Élu au Landtag de Prusse en 1882, au Reichstag en 1884, il participa à la législation sur la protection du travail (Arbeiterschutzgesetzgebung), en insistant sur la prise en charge par l’État de cette législation, ce qui l’amena à être consulté par Guillaume II, lorsque celui-ci envisageait d’organiser une conférence internationale sur ce thème. En 1890, il joua un rôle capital dans la création du Volksverein für das katholische Deutschland, dont il fixa l’orientation et la discipline et dont il fit un puissant ins­trument de l’opinion catholique à la fois contre la réaction sociale et le marxisme athée. Son œuvre dans ce domaine fut continuée par August Pieper (1866-1942) et prenait jusqu’à la Première Guerre mondiale, où le Volksverein comptait 800 000 membres, une importance capitale dans la vie charitable et intellectuelle du monde catholique. Ses nombreux travaux sur la question sociale valurent en 1893 à Hitze d’être chargé à l’Université de Münster d’une chaire sur le christianisme social, qu’il occupa jusqu’en 1920. Mais dans la seconde partie de sa vie, ayant renoncé à la théorie des Stände, ce fut dans le cadre de l’État capitaliste qu’il espérait intro­duire la classe ouvrière, en la faisant bénéficier du bien-être général. Nommé à l’Assemblée nationale de Weimar, il semble avoir été déçu par la révolution de 1918.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216340, notice HITZE Franz par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 20 mars 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Kapital und Arbeit und die Reorganisation der Gesellschaft, 1880. — Die Arbeiterfrage und die Bestrebungen zu ihrer Lösung, 1898.

SOURCES : F. Müller (éd.), Wer war Franz Hitze ?, Münster, 1959. — F.J. Stegmann, Von der stândischen Sozialreform zur staatlichen Sozialpolitik, Munich, Vienne, 1965. — R. Morsey, J. Aretz, A. Rauscher (éd.), Zeitgeschichte in Lebensbildern : aus dem deutschen Katholizismus des 19. und 20. Jahrhunderts, Mayence, 6 vol., 1973-1984. — Helga Grebing, Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, 11e éd., Munich, 1981.

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