Par Jacques Droz
Né le 20 mars 1894 à Pirmasens, mort le 3 mars 1956 à Kings-Langley (Grande-Bretagne) ; militant social-démocrate, résistant au nazisme.
Fils de cordonnier, Karl Hôltermann, typographe de profession, fut éduqué politiquement par ses séjours dans les organisations de jeunesse et ses voyages à travers l’Europe. Après sa démobilisation, il demeura attaché à un corps de troupe et participa à la répression de la République des conseils à Munich. Il n’en resta pas moins, dans sa carrière de prote, fidèle au SPD et dirigea la Magdeburger Volksstimme. Lorsqu’en 1923, la république fut menacée par le Stahlhelm, il mit sur pied avec le secrétaire du parti Gustav Ferl, une troupe de défense républicaine, qui devint l’année suivante le Reichsbanner schwarz-rot-gold (La bannière d’empire noir-rouge-et-or), à la tête duquel il porta l’Oberpräsîdent de la province de Saxe, Otto Hörsing et dont il dirigea l’organe de presse, le Reichsbanner. Höltermann devint membre, en 1929, de la commission militaire du SPD et contribua à la rédaction du programme militaire du parti, qui fut présenté au congrès de Magdeburg en 1929. Il succéda en 1932 comme directeur du Reichsbanner à Hörsing, qui s’était brouillé avec Wels et avait créé un petit parti sans avenir, la Sozialrepublikanische Partei Deuischlands. En présence de l’accroissement du péril nazi, Höltermann organisa les formations de protection, dénommées Schufo, destinées à la résistance aux attaques terroristes. Ainsi fut constitué le Front d’airain (Eiserne Front), qui concentra l’ensemble des organisations républicaines et qui mit sur pied, avec l’aide de Haubach et de Mierendorff et sous le signe des trois flèches, une propagande de masses contre la terreur nazie. Cependant, Höltermann se heurtait à la méfiance du Parteivorstand, en particulier de Wels, qui lui reprochait son caractère impulsif et ses vues illusionnistes. Aussi, en présence du coup d’État de von Papen contre la Prusse (juin 1932), alors que dans l’Eiserne Front de nombreux militants envisagèrent une résistance armée, le parti et les syndicats, réservés sur le succès d’une grève générale, préférèrent s’en remettre aux résultats de la prochaine consultation électorale. Il fut de ceux qui étaient partisans d’un soutien à Schleicher mais se heurta aux directives du SPD. Il participa encore en février 1933 à une manifestation du Reichsbanner devant le château royal à Berlin, où il annonça : « Après Hitler, ce sera notre tour. »
En Angleterre, où il émigra en 1933 et où il s’était fait des relations dans le Labour, après avoir vainement tenté de se faire reconnaître comme le représentant officiel de la social-démocratie allemande, il constitua en 1941, avec un certain nombre d’émigrés comme le Sarrois Max Braun et le socialiste « populiste » Arthur Artz, un « groupe de parlementaires » qui s’opposa à la tentative de Vogel pour assimiler les petits partis socialistes de gauche. H eut des relations certaines avec la Deutsche Freiheitspartei et avec la droite de l’émigration, Rauschnig, Brüning et Sollmann. En 1942, il fut dénoncé par la presse proche de Vansittart comme travaillant à décharger l’Allemagne de toute responsabilité dans la Seconde Guerre mondiale. En fait, à partir de cette année, il se retira de la politique, ne revint qu ’épisodiquement en Allemagne après la guerre et mourut, employé dans une maison d’édition anglaise.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Matadore der Politik, 1932.
SOURCES : K. Rohe, Das Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold. Ein Beitrag zur Geschichte und Struktur der politischen Kampfverbände zur Zeitder We imarer Republik, Düsseldorf, 1966. — Osterroth, op. cit. —éRœder et Strauss, op. cit.