Par Jacques Droz
Né le 10 février 1899 à Berlin, mort le 12 octobre 1975 à Londres (Grande-Bretagne) ; militant communiste, passé aux doctrines völkisch.
Fils d’un sculpteur membre du Parti démocrate, qui se donna la mort en novembre 1933, membre de la Ligue spartakiste et un temps du KAPD, Hans Jäger travaillait depuis 1925 à la maison d’édition Marx-Engels et était depuis 1929 leader de la section allemande de la Ligue contre l’impérialisme fondée à Bruxelles en 1927. Sa rupture avec le Parti communiste date du jour où il refusa de prendre la direction des éditions Marx-Engels à Léningrad : le Komintern exigea en 1935 sa radiation du parti. À Prague, où il vivait exilé, Jäger rencontra Max Cahén, ancien collaborateur de Brockdorf-Rantzau, qui avait mis sur pied une organisation antinazie, le Deutscher Vortrupp (German Vanguards) et qui avait ses entrées dans les sphères les plus élevées de l’État et du parti. Avec l’aide du démocrate Arthur Artz, secrétaire de frontière (un de ces personnages placés à la frontière allemande par les SOPADE pour faire transmettre des renseignements sur l’Allemagne nazie aux autres pays) qui ne s’entendait pas avec son « employeur », Jäger et Cahén créèrent en 1936 la Deutsche volkssozialistische Bewegung (DVB) qui, soutenant des thèmes inspirés par les néo-socialistes français et par Henri de Man, prit aussitôt contact avec les groupements dirigés à Prague par Otto Strasser et avec des organisations völkisch ou chrétiennes. C’est ainsi que diverses organisations désireuses de retrouver un socialisme antimarxiste, patriotique et populaire, se réunirent à Bratislava en juin 1937, sous la présidence de Jäger, Cahén et du catholique Rudolf Möller-Dostali qui lui aussi, repenti, venait du communisme. Il était envisagé qu’avec l’aide de l’Église catholique, les membres de ce groupe occuperaient, après la chute de Hitler, les positions-clefs en Allemagne. Obligé d’émigrer en Angleterre en 1939, Jäger y reconstitua un parti avec une quarantaine de membres, le DVB disposant d’un organe, les VS-Briefe, d’une grande résonance auprès des émigrés du parti et des syndicalistes anglais. En 1943 pourtant, une évolution se fit dans la philosophie politique de Jäger : abandonnant l’idéologie populiste et corporatiste, sans pourtant adhérer au marxisme, il porta ses attaques contre le nationalisme et le militarisme agressifs dont le socialisme allemand n’avait pu se délivrer et dont le nazisme était la dernière expression. Il prit position pour le vansittartisme de Geyer et des rapprochements s’opérèrent avec Kurt Hiller, sans que pourtant il y ait eu rupture totale avec l’Union de Vogel.
Jäger vécut à Londres après la guerre, où il s’employa, dans la presse et la radio, à la réconciliation germano-britannique.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Volkssozialismus, 1936. — No more German nationalism, 1973.
SOURCES : W. Rœder, Die deutschen sozialistische Exilgruppen in Grossbritannien 1940-1945, Hanovre, 1968. — Lexikon, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit.