Par Jacques Droz
Né le 8 octobre 1810 à Berlin, mort le 18 juillet 1851 à Londres (Grande-Bretagne) ; journaliste révolutionnaire en 1848.
Après des études de théologie, Gustav Julius fut professeur à titre privé, puis administrateur de l’hôpital évangélique de Rome. Soutenu par le ministre des Cultes Eichhorn, il put poursuivre, de retour à Berlin, des études économiques et historiques et publia une Bibliotheca romana. La Leipziger Allgemeine Zeitung, dont il prit la direction, fut interdite en 1842, ce qui lui valut une certaine audience dans les milieux d’opposition : il se présentait dans les articles qu’il publiait pour la Wigands Vierteljahresschrift comme hégélien de gauche, lié à Stirner et Bauer, ce qui ne l’êmpechait pas de coqueter avec le « socialisme vrai ». Curieusement, et sans doute à cause de son hostilité à l’égard de la bourgeoisie, le gouvernement prussien concéda la direction du journal Berliner Zeitungshalle à Julius qui y défendit sa politique financière et économique. Cependant, depuis la réunion du Landtag uni, le caractère oppositionnel du journal était devenu si violent que certains contemporains jugèrent que c’était de ses bureaux, où siégeait en effet un état-major de néo-hégéliens, qu’avaient été préparées lés journées de Mars. En tout cas, c’est là que furent prises les dispositions pour écarter de Berlin le prince de Prusse que Julius attaqua, comme inspirateur des méfaits de la Garde, dans sa brochure Der Prinz von Preussen und die Berliner Revolution. Le 23 mars, Julius tenta dans un article de la Zeitungshalle de donner une explication socialiste du déroulement des événements : « La vérité, c’est que chez nous, comme en France et en Angleterre, la rupture s’est produite entre la classe bourgeoise et la classe ouvrière. La lutte se poursuit, non pas entre la monarchie et la république, mais entre propriétaires et prolétaires. Nos bourgeois le sentent bien, et c’est pourquoi ils commencent dès le premier jour à revenir en arrière. Puisse toutefois la classe bourgeoise ne pas partager tout entière l’illusion que les ouvriers se laissent endormir : cela, la faim qui les tenaille, ne le permettrait pas. Courage donc, et pas de repos, jusqu’à ce que nous ayons bâti une œuvre solide ! » La Berliner Zeitungshalle fut reléguée en province en novembre 1848 et interdite en mars 1849. Marx, qui s’était mis en rapport avec Julius, déclara après sa mort qu’il avait été le seul militant qui « parti de l’idéalisme, se fût rangé à nos côtés ».
Par Jacques Droz
SOURCES : J. Droz, Les Révolutions allemandes de 1848, Paris, 1957. — H. Fôrder, Marx und Engels am Vorabend der Revolution, Berlin-Est, 1960. — K. Koszyk, Deutsche Presse im 19. Jahrhundert, Berlin, 1966.