JUNG Georg

Par Jacques Droz

Né le 2 janvier 1814 à Rotterdam (Pays-Bas), mort le 8 octobre 1866 à Berlin ; intellectuel bourgeois et journaliste d’orientation socialiste.

Né d’un riche commerçant et d’une mère hollandaise, Georg Jung fut élevé à Francfort par une élève de Pestalozzi, fréquenta le lycée de Dresde et fit ses études de droit à Bonn (1834-1835) — tout en servant comme volontaire dans un régiment de Uhlans —, puis à Berlin (1835-1836), où il suivit les cours de Gans, admirateur de Saint-Simon. Établi à Cologne comme référendaire et marié à la fille d’un riche banquier, il fut nommé en 1841 assesseur auprès du tribunal de première instance de Cologne. Son salon réunit bientôt tout ce qui comptait dans le monde des affaires (le président de la Chambre de commerce Ludolf Camphausen, le banquier Salo­mon Oppenheim, Rudolf Schramm, directeur du chemin de fer de Cologne à Bonn) et dans la société littéraire (l’assesseur Heinrich Bürgers, Moses Hess). Ce fut la conjonction de ces deux éléments qui fit l’originalité de la Rheinische Zeitung, dont il contribua à fournir les fonds et dont il pensait faire, pour l’Allemagne du Nord, le pendant des Hallische Jahrbücher de Arnold Ruge. L’orientation du journal était discutée au Königlicher Hof ainsi que dans les Montagskranzchen où se réu­nissait la Jeune Allemagne de Cologne. Mais, quelque fussent les liens de Jung avec l’hégélianisme de gauche dont témoignent ses articles dans les Hallische Jahrbü­cher, il fut préoccupé de faire connaître les tendances économiques et libérales de la grande bourgeoisie colonaise et ce fut pour libérer la Rheinische Zeitung de tout verbiage philosophique qu’il poussa Marx à la direction en octobre 1842. Il par­ticipa également aux côtés de l’industriel Gustav Mevissen à la création d’une So­ciété pour l’aide et l’instruction collective (Allgemeiner Hülfs- und Bildungsverein), dans laquelle il voyait un moyen pour la classe ouvrière de prendre en mains ses destinées.
Au cours de la révolution de 1848, Jung participa à Berlin au groupe de la Zeitungshalle — qui constituait, semble-t-il, l’état-major de la révolte au cours des journées de Mars —, prononça un discours enflammé en l’honneur des victimes de la répression royale, présida le Club politique (puis démocratique), fut élu à l’Assemblée prussienne où il travailla aux côtés de Karl d’Ester, comme lui député de Cologne, à l’établissement d’une Constitution démocratique en août 1848 et publia, sous le titre Der Berliner Cavaignac, une vive attaque contre la réaction militaire et féodale. Après l’échec de la révolution, ce grand bourgeois se consacra aux tra­vaux littéraires et publia une Histoire des femmes (1850) qui préconisait leur émancipation ; député à la Chambre de Prusse de 1863 à 1876, il s’éloigna progressivement des idées socialistes pour se rapprocher des nationaux-libéraux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216364, notice JUNG Georg par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 28 août 2022.

Par Jacques Droz

SOURCES : D. Dowe, Aktion und Organisation. Arbeiterbewegung, sozialistische und kommunistische Bewegung in der preussischen Rheinprovinz 1820-1852, Hanovre, 1970. — W. Klutentreter, Die Rheinische Zeitung von 1842/43 in der politischen und geistigen Bewegung des Vormärz, 2 vol., Dortmund, 1966-1967. — BLDG, op. cit.

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