KINKEL Gottfried

Par Jacques Droz

Né le 11 août 1815 à Oberkassel, près de Bonn, mort le 12 novembre 1882 à Zurich (Suisse) ; universitaire démocrate et socialiste.

Né dans une famille austère de pasteurs réformés et élevé dans un milieu de pu­ritanisme sévère, Gottfried Kinkel poursuivit ses études de théologie à l’Université de Bonn, sans que celles-ci aient étouffé son goût pour la poésie et les œuvres d’art, développé chez lui par son épouse Johanna Mockl. Celle-ci avait derrière elle une carrière de pianiste et de compositeur dans la tradition beethovienne et animait à Bonn une société littéraire (Maikäferbund) que fréquentaient les poètes Simrock et Freiligrath. Alors qu’il avait rompu avec la religion, Kinkel fut nommé en 1846 professeur extraordinaire des beaux-arts et de la littérature à l’Université de Bonn. C’est à ce poste qu’il apprit les événements de mars 1848, qu’il assuma la direction de la Bonner Zeitung et la présidence de l’Association démocratique qui l’envoya à Berlin au He congrès des démocrates en octobre 1848. De Bonn, il suivait de près ce qui se passait dans la voisine Cologne, mais ne l’approuvait pas. Il n’y avait pas, selon lui, de ligne de démarcation entre le prolétariat et la petite bourgeoisie : « Le parti, écrivit-il, qui sans cesse dessine cette opposition sous nos yeux, au lieu d’exa­gérer le contraste, devrait mettre l’accent sur la possibilité d’entente, ce qui serait infiniment plus profitable. » « La lutte des classes, ajouta-t-il, est un mot à la mode, derrière lequel se cache une grande pauvreté de pensée. » Il n’en fut pas moins un partisan de la république sociale et prit parti, en novembre 1848, pour le refus de l’impôt au roi de Prusse. Dans sa brochure Handwerk, errette dich !, il voyait le sa­lut pour l’artisanat, menacé par la liberté illimitée du commerce et de la puissance grandissante du capital, dans l’institution d’associations ouvrières de production.
Après une participation malheureuse à une tentative pour occuper l’arsenal de Siegburg (qu’il ne semble pas avoir entièrement approuvée), il fut arrêté, mais grâce à l’intervention de personnalités influentes, ne fut pas condamné à mort, mais seulement à la détention dans la forteresse de Spandau d’où, grâce à l’intervention de son étudiant Carl Schurz, alors âgé de vingt ans, il réussit à s’enfuir (novembre 1850). Il vécut alors en Angleterre où il se fit une situation littéraire, mais où il fut, semble-t-il, poursuivi par la rancune de Karl Marx. En 1852, il se rendit aux États-Unis afin d’y récolter des subsides destinés à préparer une révolution républicaine en Allemagne. Il obtint en 1866 un poste au Polytechnikum de Zurich.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216376, notice KINKEL Gottfried par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 2 avril 2020.

Par Jacques Droz

SOURCES : M. Braubach, Die Universität Bonn und die deutsche Revolution von 1848/49, Bonn, 1948. — Edith Ennen, « Gottfried Kinkel », in Rheinische Lebensbilder, 1.1, Düsseldorf, 1961. — M. Braubach, Bonner Professoren und Studenten in dem Revolutionsjahr 1848/49, Cologne, Opladen, 1967. — K. Koszyk, K. Obermann, Zeitgenossen von Marx und Engels, Assen,1975.

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