KNIEF Johann

Par Serge Cosseron

Né le 20 avril 1880 à Brème, mort le 6 avril 1919 à Brème ; instituteur, militant de la gauche socialiste, puis communiste.

Fils d’un employé de commerce, Johann Knief poursuivit des études pour de­venir instituteur, un métier qu’il commença à pratiquer en 1901. S’il adhéra vite au Verein junger Lehrer et commença à rencontrer des éléments social-démocrates, il ne rejoignit le SPD qu’en 1906, date à laquelle il fit partie du groupe des instituteurs social-démocrates. Intéressé parles discussions théoriques et animé d’un esprit peu enclin au compromis, Knief se rapprocha vite des idées dispensées par Anton Pannekœk. Il fit paraître sous pseudonyme, dès septembre 1910, des articles sur la mu­sique et fut désigné en novembre 1911 comme rédacteur à la Bremer Bürger Zeitung, organe local de la social-démocratie, fief des éléments de gauche du parti. Dé­but 1912, il devint le principal conseiller du rédacteur en chef Alfred Henke et fut élu la même année député au Reichstag. A partir de juin 1913, il s’éloigna du SPD et participa à la formation d’un groupe d’extrême-gauche avec Pannekœk et Radek, qui prit racine lors de la grève sauvage des ouvriers des chantiers navals. Dé­légué au congrès de Iéna, il vota la résolution de Rosa Luxemburg sur la grève de masse. Hostile à la guerre, il se sépara de la politique d’Union sacrée développée par le parti. Envoyé sur le front de l’Ouest, il revint en octobre 1914 à Brême, gra­vement commotionné par ce qu’il avait enduré. Dès sa guérison en 1915, il se lança dans l’activité contre la guerre, fut en contact avec les zimmerwaldiens de gauche et soutint les positions de Lénine. Proche du groupe Internationale, favorable à une scission radicale avec les sociaux-démocrates, il fonda à Brême avec Frölich la re­vue Arbeiterpolitik, la seule feuille légale de l’opposition de gauche socialiste pen­dant la guerre. Il s’opposa à l’ambition de la Ligue Spartakus d’entrer dans l’USPD. Cofondateur des ISD (Internationale Sozialisten Deutschlands), il se rendit en exil aux Pays-Bas où il établit des liens avec Herman Gorter et retrouva Pannekœk. Partisan enthousiaste de la révolution d’Octobre, il émit cependant quelques ré­serves quant aux conceptions organisatrices des Soviets. Revenu en Allemagne, il y fut arrêté pour propagande illégale et ne fut libéré qu’en novembre 1918. C’est alors qu’il fut impliqué dans la fondation du Parti communiste ; il transforma le signe des ISD en IKD, en changeant le terme de socialiste contre celui de commu­niste. Par contre, il demeurait sceptique quant à l’alliance avec les spartakistes, mais fut finalement convaincu par Radek de ne pas s’opposer à la fusion décidée le 30 décembre. En son absence, Knief avait été élu commissaire du Peuple par l’éphémère République des conseils de Brême en janvier 1919, mais il mourut en avril des suites d’une opération de l’appendicite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216379, notice KNIEF Johann par Serge Cosseron, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 2 avril 2020.

Par Serge Cosseron

SOURCES : G. Engel, « Johann Knief und die Bremer Linken in der Vorgeschichte der KPD », in Das Ringen um eine Wende, Berlin-Est, 1968 ; « Volksschullehrer, Journalist, revolutionärer Arbeiterfunktionär », in Beitrage zur Geschichte der Arbeiterbewegung, 12,1970. — K.E. Moring, Die Sozialdemokratische Partei in Bremen 1890-1914, Hanovre, 1968. — BLDG, op. cit.

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