KŒNEN Wilhelm et Bernard

Par Gilbert Badia

Wilhelm : Né le 7 avril 1886 à Hambourg, mort le 19 octobre 1963 à Berlin-Est. Bernard : Né le 17 février 1889 à Hambourg, mort le 30 avril 1964 à Berlin-Est. Frères ayant eu des existences parallèles. Militants au SPD, à l’USPD et au KPD.

Fils d’un ouvrier qui fut longtemps membre des organes dirigeants du SPD, Wilhelm Kœnen travailla chez un commerçant comme commis, de 1900 à 1904, tandis que Bernard apprit le métier de tourneur (1903-1907).
Wilhelm adhéra au SPD à dix-sept ans et se syndiqua à dix-huit ans au FDGB. Il travailla dans une librairie à Kiel, de 1904 à 1907. A partir de 1907, il fut rédacteur dans des journaux sociaux-démocrates locaux à Kiel, puis à Königsberg. En 1910, il suivit les cours de l’École centrale du parti à Berlin. L’année suivante, il était rédacteur en chef du Volksblatt de Halle. En 1913, il fut élu à la direction régionale du SPD (district de Halle-Merseburg).
En 1917, avec la majorité des sociaux-démocrates de Halle, il adhéra au Parti socialiste indépendant (USPD). En décembre 1918 et en avril 1919, il fut délégué aux deux congrès nationaux des conseils d’ouvriers et de soldats. Élu à l’Assemblée constituante en janvier 1919, il fut ensuite député au Reichstag, dans les rangs de l’USPD jusqu’en décembre 1920, puis dans ceux du Parti communiste.
Membre du Comité central de l’USPD à partir de juillet 1919, il se prononça pour l’adhésion du parti à l’Intemationale communiste (il participa, avec Stœcker, au IIe congrès de l’IC) et pour la fusion avec le KPD. Au congrès d’unification, ce fut lui qui présenta le rapport sur l’organisation du parti.
Il fît partie de la direction du KPD jusqu’en août 1921, puis de nouveau de jan­vier 1922 à avril 1924. Il fut réélu au Comité central au XIIe congrès en 1929.
Au me congrès de l’Internationale (1921), il présenta un rapport sur « l’orga­nisation et le travail des partis communistes ». En août 1923, il participa aux négo­ciations avec des représentants du SPD et des syndicats libres et se prononça pour un gouvernement ouvrier et paysan (qui accéda au pouvoir en Saxe et en Thuringe). Les gauches (Ultralinkeri) ayant pris la direction du parti, il ne fut pas réélu au Co­mité central en 1924 (IXe congrès).
De 1929 à 1931, W. Kœnen était secrétaire politique de la direction régionale de Halle-Merseburg. Il participa au Ier congrès national (12 juin 1932) de l’Action antifasciste (Antifaschistische Aktion). En 1932, il fut élu député au Landtag de Prusse, mais ne fut pas réélu au Reichstag.
Après 1933, il émigra en Sarre, puis en France. Il fut, sous le pseudonyme de Bernard Schulz, l’un des présidents du congrès de Pleyel (Paris, 4-6 juin 1933). De 1935 à 1938, il fut l’un des responsables du KPD en Tchécoslovaquie ; après Mu­nich, il s’installa en Grande-Bretagne où il fut membre de la direction du KPD et anima le Free German Movement (FDG). Il fut interné de 1940 à 1942. Mais en 1942-1943, il représenta le Parti communiste dans les négociations menées avec les représentants de la direction social-démocrate en exil à Londres.
Il rentra en Allemagne en décembre 1945 et milita pour la fusion des Partis communiste et social-démocrate en Saxe. De 1946 à 1948, il y était président du SED avec Otto Buchwitz. Depuis 1946, W. Kœnen était membre de la direction nationale du SED (Parteivorstand, puis Zentralkomitee). Député au Landtag de Saxe de 1946 à 1949, il fut élu cette année-là à la Chambre du peuple (Volkskammer) et délégué à la direction du Front national. Critiqué en 1953 pour « manque de vigilance », il n’exerça plus de fonctions importantes après l’insurrection ouvrière du 17 juin.

Bernard Kœnen adhéra au syndicat des métallurgistes en 1906 et au SPD en 1907 à Kiel. De 1907 à 1910, selon la coutume des jeunes ouvriers, il voyagea en Suisse, en France, en Tunisie et en Egypte. De 1910 à 1912, il fit son service mili­taire. Il travailla comme électricien au Danemark, aux Pays-Bas et en France, de 1912 à 1914.
Mobilisé en 1914, il fut exclu de l’armée en 1916 pour activité antimilitariste et travailla aux usines Leuna. Il adhéra en 1917 à l’USPD. Il était membre du conseil ouvrier de l’usine en 1918 et contribua à la fusion USPD-KPD dans le sec­teur de Halle-Merseburg.
Délégué au IIIe congrès de l’Internationale communiste, il fut pendant peu de temps représentant de celle-ci en Belgique, aux Pays-Bas et en France (1921).
De 1921 à 1933, il était secrétaire de la direction régionale (Halle-Merseburg) du KPD, responsable du journal local Klassenkampf et membre du conseil munici­pal de Merseburg (depuis 1919).
Il fut grièvement blessé lors de l’affrontement avec les nazis le 12 février 1933 (« dimanche sanglant » de Eisleben) et perdit un œil. En juin, il émigra en Union so­viétique où, jusqu’en 1945, il exerça diverses fonctions au sein du Secours rouge in­ternational. Délégué au VIIe congrès de l’Internationale, il fut arrêté à deux reprises après 1937. Libéré, réintégré dans le KPD en 1940, il fut coopté au Comité central en 1943.
Rentré en zone d’occupation soviétique, il signa l’appel du KPD du 11 juin 1945 ; en juillet, il fut nommé premier secrétaire de la direction régionale de Saxe-Anhalt et organisa avec Bruno Böttge (SPD) la fusion des deux partis. Dès la créa­tion du SED, Bernard Kœnen fut membre de sa direction. Député au Landtag de Saxe-Anhalt, puis à la Chambre du peuple dès son instauration, il fut nommé am­bassadeur de RDA en Tchécoslovaquie (1953-1958). De 1958 à 1963, il reprit la di­rection du SED à Halle. A partir de 1960, il était membre du Staatsrat (présidence collective de la République).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216383, notice KŒNEN Wilhelm et Bernard par Gilbert Badia, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 2 avril 2020.

Par Gilbert Badia

ŒUVRE : W. Kœnen, Meine Begegnungen mit Lenin, 1957. — Zur Entwicklung der Demokratie in Deutschland, 1957.

SOURCES : W. Reinowski, Bernard Kœnen. Ein Leben fur die Partei, Halle, 1962. — H. Naumann, Wilhelm Kœnen, Leipzig, 1977. — Einheit des Volkes. Garantie des Sieges. Reden und Artikel Mit einem biographischen Abriss, Berlin-Est, 1986.

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