Par Pierre Ayçoberry
Né le 8 décembre 1813 à Kerpen (Rhénanie), mort le 4 décembre 1865 à Cologne ; organisateur des compagnonnages catholiques.
Fils d’un petit paysan, Adolf Kolping dut quitter l’école à treize ans pour entrer en apprentissage chez un cordonnier. Ses huit années de compagnonnage lui laissèrent un souvenir pénible et le dégoût p our les vices du milieu. A vingt-quatre ans, il entra en troisième au gymnase. Après son baccalauréat il alla étudier la théologie à Munich, où il fréquenta Döllinger et le cercle de Görres, puis à Bonn où il prit la tête des étudiants antirationalistes. Ordonné prêtre en 1845, il fut nommé vicaire à Elberfeld où il découvrit, et bientôt dirigea, une amicale de jeunes gens de milieux populaires. Il en tira l’idée du Gesellenverein, « académie de style populaire » qui devrait se substituer aux familles et aux maîtres défaillants pour réapprendre aux jeunes compagnons la dignité et la conscience professionnelle. Revenu à Cologne en 1849, il fonda un deuxième cercle de ce genre, le dota ensuite d’un internat et attira en un an plus de trois cents adhérents. Puis il essaima à travers l’Allemagne et l’Europe centrale : à sa mort les « foyers Kolping » étaient plus de quatre cents, avec environ vingt-cinq mille membres. Succès qui s’explique par une bonne adéquation aux attentes du milieu : recrutement non-confessionnel, présence rassurante mais discrète de l’aumônier (Prases), gestion par les intéressés, compléments de formation technique et intellectuelle, atmosphère détendue.
Parallèlement et pour augmenter ses ressources, Kolping se fît journaliste, lançant successivement deux hebdomadaires populaires et un calendrier annuel dont il fournit la majorité des textes. Adoptant le genre des contes populaires, il y fustigea les vices du monde moderne, leurs traductions idéologiques — libéralisme, révolution —, mais ne traita ni de la question ouvrière, ni de politique à proprement parler, à l’exception du pouvoir temporel du Pape qu’il défendit avec acharnement. Il fut l’un des pères du catholicisme social et politique en Allemagne.
Par Pierre Ayçoberry
ŒUVRE : Adolf Kolping. Schriften. Kölner Ausgabe, éd. par H. J. Kracht et M. Hanke, 2 vol, 1975-1976.
SOURCES : V. Conzemius, « Adolf Kolping », in Rheinische Lebensbilder, t. III, Düsseldorf, 1968. — W. Hünermann, Vater Kolping. Ein Lebensbild, Fribourg, Bâle, Vienne, 1966. — H.J. Kracht, Kolping. Ein Mann von gestem mit Ideen fur morgen, Essen, 1970.