Par Serge Cosseron
Né le 2 mai 1895 à Brieg (Haute-Silésie), mort le 12 juin 1975 à Berlin-Est ; militant communiste.
Fils d’un psychiatre, c’est au lycée de Bonn où il poursuivait ses études peu avant la guerre, que Alfred Kurella s’inscrivit au mouvement de jeunesse des Wandervögel où il montra des qualités d’organisateur qui lui valurent d’en prendre la direction. Partisan enthousiaste de la guerre, il s’engagea à dix-neuf ans et servit comme canonnier sur le front de l’Ouest. Vite écœuré, il devint pacifiste et, profitant d’une permission, simula des troubles du langage pour être réformé. C’est à cette occasion qu’il rencontra des jeunes socialistes et qu’il fonda la Freie sozialistische Jugend à Munich. En 1919, il adhéra au KPD et participa au premier congrès de l’Internationale communiste des jeunes à Moscou dont il devint le premier secrétaire du Comité exécutif, en poste d’abord à Berlin puis à Moscou. Commença alors pour Kurella une carrière de responsable communiste international. Membre des Komsomols de 1920 à 1924, il dirigea l’École du parti auprès du Comité central du Parti communiste français de 1924 à 1926, ce qui l’amena à écrire deux ouvrages, l’un sur L’ABC de la politique communiste, l’autre sur La Génération léniniste du prolétariat français. Il fut ensuite rappelé à Moscou pour prendre en charge l’agit-prop de l’Internationale de la jeunesse communiste. En 1929, de retour à Berlin, il donna des cours à la Marxistische Arbeiterschule (MASCH) et dirigea des revues comme Die Linkskurve, Literatur der Weltrevolution, Internationale Literatur et Roter Aufbau. A cela s’ajoutèrent ses activités journalistiques dans l’AIZ (Arbeiter Illustrierte Zeitung) et de multiples organes communistes. En 1932, envoyé en France pour diriger le mouvement antifasciste naissant, il entra au journal Monde et devint secrétaire général du Comité international contre la guerre et le fascisme. De retour à Moscou en 1934, il servit de secrétaire au chef du Komintern, Dimitrov ; responsable de la section « littératures étrangères » à la Bibliothèque de Moscou de 1935 à 1941, il en dirigea le travail bibliographique. En même temps, il se révéla être la cheville ouvrière de la revue Das Wort, dirigée par Willi Bredel, Bertolt Brecht et Lion Feuchtwanger et créée dans le but de faire passer les idées du Front populaire dans l’art et la littérature ; il y poursuivit une vive polémique contre l’expressionnisme, l’une des sources, selon lui, du fascisme. Pendant la guerre, il servit dans les sections agit-prop de l’Armée rouge et comme membre du Comité national de l’Allemagne libre. Il occupa le poste de rédacteur en chef suppléant du journal Freies Deutschland. Auparavant, en 1941, il avait pris la nationalité soviétique.
Contrairement à beaucoup d’autres Allemands, il ne rentra en Allemagne qu’en 1954 pour prendre de hautes fonctions de professeur tout d’abord, puis pour devenir responsable de la politique culturelle du SED ; à ce titre, il définit lors des conférences de Bitterfeld les conditions de la naissance d’une littérature socialiste allemande.
Par Serge Cosseron
ŒUVRE : Kennst du das Land... ? Mussolini ohne Maske, 1931. — G. Dimitrou : Briefe und Aufzeichnungen aus der Zeit der Haft und des Leipziger Prozesses, 1935. — Ich lebe in Moskau, 1947. — Ost und West. Unsinn, Sinn und tiefere Bedeutung eines Schlagwortes, 1948. — Wo liegt Madrid ?, 1956. — Der Mensch als Schöpfer seiner Selbst. Beiträge zum sozialistischen Humanismus, 1958. — Die Gronauer Akten. Roman, 1960. — Zwischendurch. Verstreute Essays 1934-1940, 1961. — Kleiner Stein im grossen Spiel. Roman, 1961. — Dimitroff contra Goring, 1964. — Der ganze Mensch, 1969. — Wofür haben wir gekampft ?, 1975.
SOURCES : B. Lazitch, Biographical Dictionary of the Comintern, Stanford Calif., 1986. — W. Krämer, Faschisten im Exilroman 1933-1939. Zur Darstellung der NS-Massenbasis und der Motive faschistischen Engagements, Pfaffenweiler, 1987. — Palmier, Weimar, op. cit. — Durzak, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit.