Par Claudie Weill
Né le 7 mars 1850 à Hanovre, mort le 31 mars 1947 à Berne (Suisse) ; journaliste et député social-démocrate, puis dirigeant de l’USPD.
Fils d’un fonctionnaire, orphelin à dix ans, Georg Ledebour ne fit pas, contrairement à la réputation qu’il eut plus tard dans le parti, d’études supérieures. Après un séjour en Angleterre où il apprit à apprécier le système parlementaire, mais où il s’initia également aux questions nationales et coloniales, il milita dans les associations professionnelles Hirsch-Duncker puis chez les démocrates où il fut le cofondateur de l’éphémère Parti démocrate. C’est en collaborant à sa presse qu’il fit la connaissance de Franz Mehring et en 1890, peu de temps après ce dernier, il adhéra au Parti social-démocrate. Collaborateur puis rédacteur de l’organe central, Vorwärts, jusqu’en 1898, il succéda à cette date à Rosa Luxemburg à la rédaction de la Sächsische Arbeiterzeitung qu’il dirigea pendant vingt mois. Élu en 1900 au Reichstag, dans la circonscription berlinoise laissée vacante parla mort de Wilhelm Liebknecht, il fut un parlementaire actif, refusant tout compromis avec les partis bourgeois et, par conséquent, toute alliance avec eux aux élections à la Chambre des députés de Prusse. Proche du « centre marxiste », opposé aux révisionnistes, il participa aux tentatives de cohésion organisationnelle de la gauche, même s’il fut souvent en désaccord avec Rosa Luxemburg, notamment sur la question nationale et plus particulièrement polonaise où il se fit le défenseur des communautés linguistiques et du droit à l’autodétermination. A la mort de Bebel, il dut s’incliner devant Scheidemann pour le poste de président du groupe parlementaire. Opposé au vote des crédits de guerre en août 1914, il n’en condamna pas moins Karl Liebknecht d’avoir voté contre en décembre : il partageait avec la majorité du parti la haine de la Russie tsariste. Ayant participé aux trois derniers congrès de la IIe Internationale, il fît partie de la délégation allemande à la conférence socialiste contre la guerre à Zimmerwald en septembre 1915, puis à Stockholm en 1917. Il vota à son tour contre les crédits de guerre en décembre 1915, fit partie de la direction de la Communauté de travail social-démocrate qui donna naissance à l’USPD, dont il fut l’un des dirigeants. S’étant rapproché des délégués révolutionnaires, il participa à la grève de janvier 1918 à Berlin puis à la révolution de Novembre, mais refusa d’entrer au Conseil des commissaires du peuple avec les sociaux-démocrates majoritaires. Il fît partie, en revanche, du conseil exécutif des conseils d’ouvriers et de soldats à Berlin et prit fait et cause pour le système des conseils. L’un des présidents du Comité révolutionnaire lors du soulèvement de janvier 1919, il fut arrêté le 11 et acquitté en juin. Réélu au Reichstag en 1920 où il siégea jusqu’en 1924, il fut coprésident de l’USPD en 1920. Refusant tout autant de rejoindre le KPD que le SPD, il s’efforça toutefois jusqu’à la prise du pouvoir par les nazis, de réconcilier le mouvement ouvrier. C’est dans cet esprit qu’il participa à la Communauté de travail internationale des partis socialistes et fut élu à son comité exécutif en 1921. Après l’échec des négociations entre les directions des trois Internationales à Berlin, en avril 1922, il refusa de rejoindre la IIe Internationale. En 1923, il créa la Ligue socialiste avec laquelle il adhéra au SAP (Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands) en 1931. Dès 1924, il collabora activement au Secours ouvrier international. Menacé d’arrestation en 1933, il se réfugia en Suisse où il fut accueilli par Robert Grimm. Il intervint une dernière fois en 1945 pour un juste traitement de l’Allemagne par les puissances alliées.
Par Claudie Weill
SOURCES : Ursula Ratz, Georg Ledebour, 1850-1947, Berlin, 1969 (comprend la bibliographie exhaustive des écrits et des discours de G. Ledebour). — E. Keller, « Ein alter sozialistischer Haudegen. Georg Ledebour », in Beitrage zut Geschichte der Arbeiterbewegung, Jg. 26, H. 4,1984. — Osterroth, op. cit. — Lexikon, op. cit. — Benz et Graml, op. cit. — BLDG, op. cit.