Par Jacques Droz
Né le 17 mai 1867 à Neubrandenburg, mort le 23 mars 1947 à Berlin ; leader syndicaliste social-démocrate.
Fils d’un tailleur, Theodor Leipart fit sa carrière syndicale au service de la profession des tourneurs dont il devint président, avant de devenir, en 1908, président des travailleurs du bois. Il prit part, depuis 1896, aux congrès de l’ADGB où il défendit la thèse de l’indépendance des syndicats à l’égard de la social-démocratie et condamna la grève comme moyen d’action syndicale. Majoritaire pendant la guerre, il travailla en novembre 1918 à établir une possibilité d’entente entre les syndicats et les entreprises. Ministre du Travail en Wurtemberg, il fut choisi par l’ADGB pour son président (janvier 1921), comme successeur de Legien dont il poursuivit la politique sans avoir la même autorité que lui. Sa principale préoccupation fut d’éviter à la classe ouvrière la retombée des crises économiques ; les finances syndicales furent reconstituées, une Banque du travail fut créée, une école syndicale fut ouverte à Bernau et le journal syndical Die Arbeit fut placé sous la direction éclairée de Lothar Erdmann. Politiquement il n’était pas sans s’inquiéter des progrès de la droite et après l’assassinat de Rathenau, il s’associa aux sociaux-démocrates et aux communistes pour demander l’interdiction des associations contre-révolutionnaires. Sur le plan de l’économie, il se référait aux théories de Hilferding sur le « capitalisme organisé ».
Lorsque survint la crise, il ne semble pas avoir fait grand-chose pour aider le cabinet Hermann Müller et il soutint dans les dernières années le gouvernement Brüning. L’on assista, de 1928 à 1932, à un effondrement des effectifs syndicaux, qui passèrent de neuf millions (1928) à trois et demi. Il ne jugea pas possible, en l’absence de moyens financiers et par suite de la montée du chômage, de s’opposer au coup d’État de von Papen contre la Prusse. Lors de la formation du cabinet von Schleicher, il se fût associé à la tentative du chancelier pour constituer une coalition contre Hitler qui grouperait l’Armée, le mouvement de Strasser et les syndicats, mais il se heurta au Parteivorstand qui, sous l’influence de Wels, s’y opposa.
Il tenta vainement de sauver les syndicats, en affirmant leur indépendance à l’égard des partis. Arrêté par les nazis, il vit l’organisation syndicale transformée par Ley en Front du travail. Mais il vécut l’ensemble du Troisième Reich sans être sérieusement inquiété. Après la guerre, il se prononça pour un parti ouvrier unique englobant communistes et socialistes, ce qui lui valut d’entrer au SED. Il perdit alors ses derniers amis et mourut oublié.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Carl Legien, ein Gedenkbuch, 1929.
SOURCES : F. Stampfer, Die vierzehn Jahre der ersten deutschen Republik, Hambourg, 1953. — H.G. Schumann, Nationalsozialismus und Gewerkschaftsbewegung. Von den Anfängen bis 1945, Hanovre, Francfort, 1958. — U. Borsdorf (éd.), Geschichte der deutschen Gewerkschaften, Cologne, 1987. — Lexikon, op. cit. — Osterroth, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.