Par Jacques Grandjonc
Né le 27 février 1825 à Blankenhain (Thuringe), mort le 1er février 1910 à Londres (Grande-Bretagne) ; ouvrier tailleur, membre de la Ligue des communistes, plus tard du Conseil général de l’internationale.
Fils d’un sous-officier, Friedrich Lessner fit un apprentissage de tailleur et, au cours de son compagnonnage à travers l’Allemagne, entra en novembre 1846 à l’Association de formation ouvrière de Hambourg, alors sous l’influence de Weitling. En mars 1847, pour échapper au service militaire, il s’exila à Londres où il devint membre de l’Association communiste de formation ouvrière et de la Ligue des communistes, dès sa création en juin. Fin novembre, il y rencontra Marx et Engels venus au deuxième congrès de la Ligue et il devint pour le reste de ses jours un de leurs partisans convaincus. Il participa à la révolution en Allemagne, en particulier à Cologne — aux côtés de Marx — à la Neue Rheinische Zeitung et à l’Association ouvrière locale. Début 1850, il était à Wiesbaden avec Karl Schapper pour y organiser une Association ouvrière ; expulsé de la ville en juin, il poursuivit son travail de propagandiste à Mayence où il présida bientôt l’Association ouvrière locale et fut responsable de la section de la Ligue des communistes. En octobre, il fut envoyé par sa section au congrès des communistes à Francfort et, par la direction de la Ligue, comme émissaire à Nuremberg. Arrêté en juin 1851 à Mayence, il fit partie des accusés lourdement frappés au procès de Cologne (4 octobre-12 novembre 1852) : il dut subir trois années de forteresse de 1853 à 1856. Une fois libéré, il émigra définitivement à Londres où il reprit son activité professionnelle et politique.
Pendant de longues années, il servit de lien entre Marx et l’Association communiste de formation ouvrière. De 1864 à 1872, il fut membre du Conseil général de l’Internationale ainsi que, en 1872-1873, du British Fédéral Council de l’AIT. L’un des principaux propagandistes du Capital en milieu ouvrier et dans l’Internationale, il se révéla aussi un adversaire pugnace de l’anarchisme des proudhoniens et bakouninistes. Après la dissolution de la Ire Internationale, il fut actif à la fois dans la réorganisation et la propagande socialiste allemande sous les lois antisocialistes de Bismarck (1878-1891) et dans le mouvement ouvrier britannique auquel il appartenait de longue date : membre successivement de la Social Democratic Federation (1882), de la direction de la Socialist League (1884), de la Bloomsberry Socialist Society (1888), de l’Independant Socialist Party enfin, à partir de 1893. C’est à titre de vétéran des origines du mouvement ouvrier allemand et international qu’il fut invité aux congrès de la IIe Internationale à Bruxelles (1891) et à Zurich, en compagnie d’Engels (1893), ainsi qu’aux congrès du SPD en 1893 et 1894. Lessner peut être mis au nombre des premiers permanents du mouvement ouvrier, comme au nombre des rares qui le furent un demi-siècle durant tout en continuant à travailler.
Par Jacques Grandjonc
ŒUVRE : Les souvenirs de Lessner épars dans diverses revues sont rassemblés en majorité dans : E Lessner, Ich brachte das Kommunistische Manifest zum Drucker, 1975.
SOURCES : Irma Sinelnikowa, Friedrich Lessner. Eine Biographie des Kommunisten und Fremdes von Karl Marx und Friedrich Engels, Berlin-RDA, 1980. — Une partie de la bibliothèque de Lessner se trouve désormais au Centre Karl-Marx-Haus à Trêves. — Lexikon, op. cit.