Par Jacques Droz
Né le 17 juin 1888 à Bayreuth, exécuté le 29 septembre 1944 à Berlin-Plötzensee ; syndicaliste social-démocrate antinazi.
A Darmstadt où il s’était établi comme compagnon en sculpture sur bois, Wilhelm Leuschner qui avait parcouru tous les échelons de la carrière syndicale, fiat élu conseiller municipal, puis député au Landtag de Hesse en 1924. Ministre de l’Intérieur de ce Land et adjoint à Leipart dans la direction des syndicats, il publia au sujet du péril nazi le Boxheimer Dokument qui était tombé entre les mains de son gouvernement. Arrêté parles hitlériens lorsque lut occupée, en mai 1933, la maison des syndicats, il fut obligé par le Dr. Ley de l’accompagner à Genève pour servir de caution à la Deutsche Arbeitsfront auprès de la Commission internationale du travail, mais il sut par son silence déjouer les prétentions du leader nazi et laissa entendre qu’il régnait en Allemagne un régime de terreur ; ce qui lui valut d’être arrêté par la Gestapo et enfermé deux ans dans un camp de concentration dès son retour en Allemagne. Quand il en sortit, il fonda une petite usine de matériel de brasserie dont il fît, avec l’appui d’un militant des organisations de jeunesse, Hermann Maas et de l’industriel Oskar Henschal, un rendez-vous pour les résistants syndicalistes de toutes nuances politiques et religieuses ; il était convaincu que la dispersion syndicale avait favorisé l’avènement du nazisme. N’attendant rien de la résistance populaire, persuadé du caractère inéluctable de la guerre — il le fit savoir à l’Internationale syndicale d’Amsterdam le 20 août 1939 —, il se tourna vers les militaires et prit contact avec le général Beck. Par Mierendorff il entra dans le cercle de Kreisau, tout en s’opposant au comte de Moltke sur la question des syndicats qu’il voulait reconstituer en Allemagne après la guerre, sous la direction d’une centrale unitaire. Il eut depuis 1943 des relations avec Gœrdeler dont il ne semble pas avoir contrarié l’idée d’une restauration monarchique ; celui-ci envisageait de le nommer vice-chancelier lors de la chute de Hitler. Après la tentative du coup d’État, il fut l’un des premiers arrêtés, torturé à Ravensbrück et pendu à Plötzensee.
Par Jacques Droz
SOURCES : J.G. Leithâuser, Wilhelm Leuschner. Ein Leben fur die Republik, Francfort, 1962. — L. Reichhold, Arbeiterbewegung jenseits des totalen Staates. Die Gewerkschaften und der 20. Juli 1944, Vienne, Cologne, Suttgart, Zurich, 1965. — G. Beier, Die illegale Reichsleitung der Gewerkschaften 1933-1945, Cologne, 1981. — Osterroth, op. cit.