Par Gilbert Badia
Né le 17 mai 1866 à Wloclawek (Pologne), mort le 22 mars 1925 à Nervi (Italie) ; journaliste, militant de gauche du SPD, spartakiste, puis collaborateur du gouvernement soviétique.
Fils d’un négociant en grains presque ruiné, Julian Marchlewski fréquenta le Realgymnasium de Varsovie (1879-1887). De 1887 à 1891, il travaillait dans des fabriques de textile en Pologne et en Allemagne. En 1888, il adhéra au Parti socialiste révolutionnaire (Proletariat). Emprisonné par la police tsariste en 1891, il émigra en Suisse après sa libération (1892). A Zurich où il se lia avec Jogiches et Rosa Luxemburg, il entreprit des études de droit, tout en participant à l’édition de la Sprawa Robotnicza (La Cause ouvrière). En 1894, il fonda avec Jogiches et Luxemburg le Parti social-démocrate polonais qui devint en 1900 le SDKPiL, à la direction duquel il participa jusqu’en 1919.
En 1896, Marchlewski soutint une thèse de doctorat sur « le physiocratisme en Pologne » et vint s’établir en Allemagne. En 1898, il fut expulsé de Saxe à la suite d’articles publiés dans la Sächsische Arbeiterzeitung ; il se fixa alors en Bavière et collabora, sous des pseudonymes, à diverses publications social-démocrates Mün- chener Post, Sächsische Arbeiterzeitung, Die Neue Zeit. En 1902, Franz Mehring lui offrit de collaborer à la Leipziger Volkszeitung, ce qu’il fera jusqu’en 1913.
En 1905, Marchlewski retourna en Pologne pour participer à la révolution russe ; il fut arrêté et quitta la Pologne en 1907 pour s’établir à Berlin. Cette même année, il fut délégué au congrès socialiste international de Stuttgart.
Bien que n’étant pas membre du SPD, vivant toujours dans une semi-clandestinité, Marchlewski collabora à diverses publications social-démocrates. De décembre 1913 à décembre 1914, il édita avec Rosa Luxemburg et Mehring un bulletin destiné à la presse social-démocrate (Sozialdemokratische Korrespondenz), dans lequel la gauche social-démocrate exprimait ses points de vue sur la situation politique, économique, etc.
Cofondateur du mouvement spartakiste, il continua à publier des articles, notamment sur des sujets économiques, sous le pseudonyme de Johannes Kämpfer. Il avait été condamné à trois mois de prison, en juillet 1914, pour un article sur l’affaire de Saverne. En mai 1916, il fut de nouveau arrêté, emprisonné et ne fut libéré qu’au cours de l’été 1918 : à la demande du gouvernement soviétique, il fut alors échangé contre des prisonniers de guerre allemands en Russie.
Dès lors, Marchlewski devint un collaborateur du pouvoir soviétique qui contribuait à déterminer les orientations de la politique économique soviétique.
Rappelé en Allemagne par Luxemburg et Liebknecht, en janvier 1919, Marchlewski fut coopté à la direction (Zentrale) du Parti communiste allemand. En février 1919, il se rendit dans la Ruhr où la commission chargée d’étudier la socialisation des charbonnages en fit son collaborateur scientifique, mais il dut s’enfuir d’Allemagne en avril.
De 1919 à 1922, le gouvernement soviétique lui confia diverses missions diplomatiques. En juin 1922, il fut nommé président (Rektor) de l’Université communiste des minorités nationales de l’Ouest (KUNMZ) à Moscou. Dès sa fondation, il présidait le Secours rouge international.
Marchlewski mourut en Italie, alors qu’il suivait une cure. Ses cendres furent déposées en 1925 à Berlin-Friedrichsfelde, aux côtés des dépouilles de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht et transférées en Pologne en 1950.
Par Gilbert Badia
ŒUVRE : Zur Polen politik der preussischen Regierung. Auswahl von Artikeln 1897 bis 1923, 1957. — Imperialismus oder Sozialismus ? Mit einem Nachruf von Clara Zetkin, 1960.
SOURCES : H. Schumacher, F. Tych, Julian Marchlewski-Karski. Eine Biographie, Berlin-Est, 1966. — B. Lazitch, Biographical dictionary of the Comintern, Stanford Calif., 1986. — Broué, Révolution, op. cit.