Par Irène Petit
Né le 9 janvier 1876 à Cologne, mort le 2 mai 1936 à Rome (Italie) ; sociologue allemand-italien, membre du SPD et du Parti socialiste italien, plus tard proche du fascisme.
Né dans une famille bourgeoise catholique, Robert Michels fit, après de solides études à l’Université de Halle, de multiples voyages dans divers États européens où il se lia avec les partis de la gauche radicale. Son étroite participation au mouvement ouvrier lui valut l’éloignement de sa famille et lui rendit impossible toute carrière universitaire en Allemagne. En 1903, il fonda à l’Université de Marburg un courant d’orientation syndicaliste révolutionnaire, dont l’idéologie se rattachait autant à Tolstoï qu’à Marx : il condamnait le parlementarisme routinier de la social-démocratie, « un géant qui malgré l’énormité de ses bras n’était pas capable d’engrosser une vierge », et chercha ses références chez les syndicalistes italiens (Arturo Labriola, Enrico Leone) ou français (Georges Sorel, Hubert Lagardelle, Édouard Berth, etc.). C’est avec eux qu’il fit corps lors du congrès de l’Internationale socialiste à Stuttgart en 1907. Mais, à vrai dire, il s’agissait là d’un courant purement intellectuel : le syndicalisme révolutionnaire, manifestation marginale d’un anticapitalisme académique, ne touchait guère le monde ouvrier en Allemagne. D’ailleurs, dès 1907, Michels prit ses distances à l’égard du SPD, alors qu’il fréquentait le groupe de Heidelberg autour de Max Weber qui lui ouvrit l’Archiv für Sozialwissenschaft. Il y connut de nombreux sociologues qui, autour de Georg Simmel et de Ferdinand Tönnies restaient attachés à l’anticapitalisme d’origine romantique. Le résultat de ses réflexions fut le livre Zur Soziologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie (1911) qui condamnait la bureaucratie social-démocrate et lui opposait une élite syndicale dont le modèle lui était fourni par Vilfredo Pareto et Gaetano Mosca. Le pouvoir oligarchique dans le parti était, selon lui, une « loi sociale inéluctable », conséquence de l’« immaturité objective des masses ».
Ayant préféré la nationalité italienne à l’allemande, Michels devait se ranger parmi les partisans de l’impérialisme prolétarien puis donner son accord à la dictature fasciste, sans toutefois préconiser l’alliance avec le national-socialisme.
Par Irène Petit
ŒUVRE : Les Partis politiques, essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, 1912 (rééd. 1919 ; 1971, avec préf. de R. Rémond). — De nombreux articles, entre autres sur l’anarcho-syndicalisme, tels Eine syndikalistisch gerichtete Unterstromung im deutschen Sozialismus (1903-1907), qui parut en l’honneur de son 70e anniversaire. — Une bibliographie des ouvrages de R. Michels a paru dans la Revue internationale de sociologie, t. 44, 1936.
SOURCES : W. Röhrich, Robert Michels. Vom sozialistisch-syndikalistischen zum faschistischen Credo, Berlin, 1972. — F. Andreucci, T. Detti (éd.), « Il movimento operaio italiano », in Dizionario biografico 1853-1943, t. III, Rome, 1977. — E.A. Albertoni, Govemo et Governabilità nel sistema politico et giuridico di Gaetano Mosca, Milan, 1983.