MIERENDORFF Carlo

Par Jacques Droz

Né le 23 mars 1897 à Grossenhain (Saxe), mort le 4 décembre 1943 à Leipzig ; militant social-démocrate antinazi.

Fils d’un fonctionnaire de la cour de Saxe, Carlo MiereHaubachndorff fit ses études au gymnase de Darmstadt où il se lia intimement avec Haubach. Il partit pour la guerre comme volontaire et plein d’enthousiasme il en revint gravement blessé et décidé à lutter pour la cause du pacifisme. En 1919, il fonda le journal Das Tribunal où il invitait la jeunesse française à s’associer à la création d’une communauté eu­ropéenne, mais dont l’antinationalisme provoqua dans la presse locale de fortes réactions. Au cours de ses études universitaires où il profita de l’enseignement d’Alfred Weber, il eut à s’opposer à un corps professoral en majorité réactionnaire et obligea, lors de la grève des cours après l’assassinat de Rathenau, le professeur antisémite Lennard à suspendre son enseignement. Rédacteur du Hessischer Volksfreund, le jeune socialiste devint chef de presse du ministre hessois Leuschner et fut, à l’âge de trente-quatre ans, élu au Reichstag. Dans les Blätter für den Sozialismus, il se prononça pour un socialisme dynamique et populaire, susceptible de dé­tourner la jeunesse de la tentation fasciste : il mit sur pied, avec l’émigré russe Tschakotin, là propagande des « trois flèches », faisant connaître les documents de Boxheim où le nazi Dr. Best révélait ses plans de subversion. La vitalité et le dyna­misme de sa personnalité, la puissance expressionniste de son langage, qu’il parta­geait avec son ami Kasimir Edschmid, lui avaient créé une audience qui dépassait largement son parti.
Lorsque Hitler arriva au pouvoir, il eut l’imprudence de revenir en Hesse après un court séjour en Suisse ; arrêté, traîné dans les mes de Darmstadt et emprisonné pendant cinq ans dans divers camps de concentration, il faisait preuve d’une fermeté inébranlable que vint renforcer au soir de sa vie sa conviction religieuse. Re­mis en liberté en 1938, à la faveur d’un emploi dans une usine de traitement de la lignite, il put, malgré l’étroite surveillance dont il était l’objet, reprendre des contacts avec Haubach, Leuschner et Leber et, grâce à Reichwein, entrer en rap­port avec le cercle de Kreisau. Il prévoyait en juin 1943, sous la dénomination « Ac­tion socialiste », la mise en route d’un mouvement populaire indépendant des partis (überparteiisch) qui unirait toutes les forces de la Résistance. Considéré par beau­coup comme le symbole de la future Allemagne, il eût revêtu de hautes fonctions politiques en cas de succès de la conjuration. Mais, au cours d’une visite à des pa­rents à Leipzig, il périt brûlé dans une cave lors d’une attaque aérienne alliée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216477, notice MIERENDORFF Carlo par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 28 avril 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : F. Usinger (éd.), Carlo Mierendorff. Eine Einführung in sein Werk and eine Auswahl, Wiesbaden, 1965.

SOURCES : G. van Roon, Neuordnung im Widerstand, Munich, 1967. — J. Reitz, Carlo Mie­rendorff 1897-1943 : Stationen seines Lebens und Wirkens, Darmstadt, 1983. — R. Albrëcht, « Carlo Mierendorff et l’idée d’un mouvement populaire démocratique », in Allemagne d’au­jourd’hui, no. 92, avril-juin 1985. — Dorothea Beck, « Theodor Haubach, Julius Leber, Carlo Mierendorff, Kurt Schumacher. Zum Selbstverständnis der militanten Sozialisten in der Weimarer Republik », in Archiv für Soziaigeschichte, t. XXVI, 1986. — R. Albrëcht, Der militante Sozialdemokrat. Carlo Mierendorff 1897 bis 1943, Berlin, Bonn, 1987. — Osterroth, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit.

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