Par Jacques Droz
Né le 19 février 1828 à Neuenhaus (Hesse), mort le 8 septembre 1901 à Francfort ; ami de Marx, passé à l’anti-socialisme.
Fils d’un médecin, Johannes Miquel fut converti à la démocratie radicale par la révolution de 1848. Après avoir passé ses examens de droit à l’Université de Göttingen, il entra dans un cabinet d’avocat, puis dans la magistrature. Par l’intermédiaire de son ami Wilhelm Piper (1816-1899), il était entré en contact avec Marx et devint aussitôt un communiste passionné. Il lui écrivit dans la seconde moitié de l’année 1850 : « Je ne puis faire autre chose que vous assurer que vos buts sont aussi les miens : communiste athée, je souhaite la dictature de la classe ouvrière. Les moyens que je compte utiliser dépendent entièrement de l’opportunité. » Et il ajoutait : « Le sentiment de classe manque encore aux travailleurs. Nous devons exploiter la haine individuelle, le sentiment de vengeance des paysans contre les usuriers, l’amertume des journaliers à l’égard de leurs maîtres ; nous devons partout (car nous n’avons pas encore de centre) terroriser de façon et rapide et complète, pour que nous puissions nous opposer aux exploiteurs démocrates, lorsqu’ils prétendront nous imposer leur puissance victorieuse. » De Göttingen, Miquel correspondait directement avec Marx dont il passait pour être le disciple le plus estimé en Allemagne du Nord et cela sans se soucier du Conseil central de la Ligue qui résidait à Cologne, dont il méprisait les directives « petit-bourgeoises » et dont la propagande se déroulait en un milieu clos, sans contact avec la vie économique ; ce qu’il fallait, selon Miquel, c’était constituer un parti de cadres, de terroristes révolutionnaires. Il semble avoir cru un certain temps à l’intervention des armées françaises, conquises à la révolution, en Allemagne.
Ses relations avec Marx devaient progressivement s’estomper : il ne semble pas qu’ils aient eu la même conception de la crise de 1857. Pourtant, il n’est pas certain que Miquel, en adhérant au Nationalverein, ait cru être infidèle à ses idées communistes. Établi comme avocat à Göttingen depuis 1854, il se rapprocha, en se liant avec Bennigsen, des milieux nationalistes. Sa carrière politique comme maire d’Osnabrück, puis dé Francfort, son mandat comme national-libéral au Reichstag, ses fonctions de ministre des Finances sous Guillaume II, n’appartiennent plus à l’histoire du mouvement ouvrier.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : E. Bernstein, « Briefe Johannes Miquels an Karl Marx », in Die Neue Zeit, t. 32, 1914.
SOURCES : W. Mommsen, Johannes Miquel, t. 1, Stuttgart, 1928. — S. Na’aman, « Zur Geschichte des Bundes der Kommunisten in Deutschland in der zweiten Phase seines Bestehens », in Archiv für Sozialgeschichte, t. V, 1965. — E. Schraepier, Handwerkerbünde und Arbeitervereine 1830-1853, Berlin, New York, 1972 . —BLDG, op. cit.