MOLKENBUHR Hermann

Par Jacques Droz

Né le 11 septembre 1851 à Wedel (Holstein), mort le 22 décembre 1927 à Berlin ; parlementaire social-démocrate de droite.

Fils d’un tailleur, Hermann Molkenbuhr ne put faire que des études primaires. Il s’enthousiasma jeune pour Lassalle et constitua à Lockstedt-Ostensen une sec­tion de l’ADAV dont il fut délégué au congrès de Gotha en 1875. Exilé de Hambourg à la suite du Sozialistengesetz, réduit au chômage, il se décida à émigrer comme ou­vrier cigarier aux États-Unis où il demeurait trois ans (1881-1884). En contact avec les milieux syndicaux, il y entreprit l’étude des problèmes de l’assurance et de la protection du travail, dont il devint spécialiste. Revenu en Allemagne, envoyé à Paris en 1889, au congrès fondateur de la IIe Internationale, c’est sur ces questions qu’il rapporta. En 1890, il prit la direction du Hamburger Echo et fut élu au Reichstag où, dans les différentes commissions, notamment celle de la statistique du travail, sa compétence et sa prodigieuse mémoire en imposèrent à tous. Secré­taire depuis 1904, puis membre du Comité directeur, il devint l’un des leaders de la droite révisionniste. Dès les congrès de Brême (1904) et de Mannheim (1906), il s’opposa à la gauche radicale sur la question de la propagande antimilitariste et de l’indépendance des mouvements socialistes de jeunesse, qu’il voulait empêcher. Le conflit le plus grave éclata à propos de la crise marocaine d’Agadir : alors que le secrétaire de l’Internationale, Huysmans avait suggéré aux divers partis sociaux-démocrates une conférence internationale pour examiner la réponse à la démarche al­lemande, le SPD, par la plume de Molkenbuhr, avait répondu qu’une telle réunion ne s’imposait pas, en arguant que la rivalité des intérêts capitalistes ne rendait pas vraisemblable une guerre européenne : réponse qui provoqua une vive réaction chez Rosa Luxemburg qui souligna dans la Leipziger Volkszeitung l’appui que la social-démocratie donnait ainsi à l’impérialisme allemand. Or le congrès d’Iéna, en 1911, donna raison à Molkenbuhr, ce qui contribua à fortifier les tendances natio­nalistes au sein de la social-démocratie. Lors de la crise de l’été 1914, Molkenbuhr contribua à discréditer la résolution de Vaillant-Keir Hardie sur la grève générale en cas de guerre et, dès le 2 août, prépara au sein du Parteivorstand la tactique qui per­mit, deux jours plus tard, le vote des crédits militaires. Cependant, son prestige in­ternational l’avait désigné, lors du congrès de l’Internationale prévu à Vienne dans l’été 1914 (« le congrès manqué »), pour faire le rapport sur la question du chômage qui préoccupait fort l’opinion.
Pendant la guerre il participa au congrès de Stockholm, en juin 1917, où les so­cialistes de droite pensaient faire accepter leurs idées sur une « paix de compro­mis » (Verstandigungsfrieden). Membre de l’Assemblée nationale puis du Rei­chstag, il demeurait très actif, jusqu’en 1924, en matière de législation sociale et participa à la commission qui mit sur pied le programme de Gorlitz en 1921.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216481, notice MOLKENBUHR Hermann par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 8 février 2022.

Par Jacques Droz

SOURCES : D. Groh, Negative Integration und revolutionärer Attentismus. Die deutsche Sozialdemokratie am Vorabend des Ersten Weltkrieges, Francfort, 1974. — G. Haupt, Le Congrès manqué. L’Internationale à la veille de la Première Guerre mondiale, Paris, 1965. — Osterroth, op. cit.

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