Par Jacques Droz
Né le 11 juillet 1882 à Berlin, mort le 29 octobre 1927 à Walkemühle, près de Melsungen ; philosophe théoricien d’un socialisme éthique, politiquement radical.
Originaire d’une famille de juristes liée aux Mendelssohn-Bartholdy, Leonard Nelson, après avoir étudié les mathématiques et la philosophie et être habilité, en 1909, à la faculté des sciences naturelles de Gottingen, devait y enseigner la philosophie de 1919 à sa mort. Ses idées, qui devaient beaucoup à Kant à travers Jakob Fries, furent exposées en 1924 dans son System der philosophischen Rechtslehre und Politik et se situaient dans la ligne du néo-kantisme, représenté avant la guerre par Hermann Cohen et Karl Vorlander, proches du révisionnisme bernsteinien.
Quant à la pensée de Nelson, elle s’exprimait sous la forme d’un rigoureux rationalisme et dans un langage mêlé de formules mathématiques. Fondateur, en 1917, de la Ligue internationale de la jeunesse (Internationaler Jugendbund, IJB) — groupe qui ne comprenait qu’un millier d’adhérents —, il lui enseignait un socialisme éthique, éloigné à la fois du marxisme et de la démocratie parlementaire, mais,qui se trouvait lié à l’idée libérale du Rechtsstaat, à l’émancipation à l’égard des Églises et, sur le plan économique, à un égalitarisme qu’il pensait obtenir aux dépens de la grande propriété foncière, grâce à la création de colonies communautaires. L’IJB prônait l’abstinence et la lutte contre l’alcoolisme. Expulsé en 1925 du SPD, Nelson fonda d’après les mêmes principes le Combat socialiste international (Internationaler sozialistischer Kampfbund ; ISK) qui, après sa mort, fut dirigé par Willi Eichler dans un sens antinazi. Le principal disciple de Nelson fut Gerhard Weisser, professeur à l’Université de Cologne, rédacteur de la revue scientifique du parti, Neue Gesellschaft. L’école de Walkemühle, que Nelson avait fondée en 1924, forma de nombreux jeunes gens qui firent de brillantes carrières sous la République de Bonn.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Gesammelte Schriften in neun Banden, éd. par P.Bernays e.a., 1971 ss. — Vom Selbstvertrauen der Vernunft, éd. par Grete Henry-Hermann, 1975 (trad. franç. : Certitudes de la raison, 1982). — Vernunft, Erkenntnis, Sittlichkeit, éd. par P. Schröder, 1979.
SOURCES : Link, ISK, op. cit. — H. Donat, K. Holl, Hermes Handlexikon. Die Friedensbewegung, Düsseldorf, 1983. — Grete Henry-Hermann, Die Überwindung des Zufalls : kritische Bemerkungen zu Leonard Nelsons Begründung der Ethik als Wissenschaft, Hambourg, 1985. — Susanne Miller, « Leonard Nelson und die sozialistische Arbeiterbewegung », in Juden in der Weimarer Republik, éd. par W. Grab und J.H. Schœps, Sachsenheim, Stuttgart, Bonn, 1986. — Osterroth, op. cit.