OLLENHAUER Erich

Par Jacques Droz

Né le 27 mars 1901 à Magdeburg, mort le 14 décembre 1963 à Bonn ; militant et homme d’État social-démocrate.

Fils d’un maçon socialiste, Erich Ollenhauer fit des études commerciales et adhéra à l’âge de dix-sept ans au SPD pour faire une carrière de militant dans les organisations de jeunesse à Magdeburg, à Berlin, puis sur le plan international. De 1928 à 1933, il fut secrétaire de la Sozialistische Arbeiterjugend (SAJ), fonction dans laquelle il manifesta un sens des réalités et une volonté de résistance aux formules révolutionnaires qui le firent grandement apprécier par les dirigeants du SPD. En avril 1933, il fut élu dans le, Parteivorstand comme représentant de la nou­velle génération et désigné avec Stampfer, Vogel, Wels, Hertz et Crummenerl pour représenter le parti à l’étranger. Établi à Prague, il y organisa le secrétariat de l’Internationale de la jeunesse ouvrière (SJI) pour laquelle il publia la Jugendkorrespondenz et organisa plusieurs rencontres, notamment en 1937 en Espagne, pour contrer l’influence communiste. Comme membre de la SOPADE, il se montra un adversaire résolu de toute tentative de Front populaire avec les communistes. Émigré en 1938 à Paris où il fut chargé de la rédaction du Neuer Vorwärts, il fut envoyé à Londres pour prendre contact avec le Labour Party et chercher, si besoin, un point de chute pour le parti. De fait, il fut arrêté par les autorités françaises en mai 1940. Libéré sur la demande de Léon Blum, il dut son salut à une fuite aventureuse à tra­vers l’Espagne et le Portugal d’où, bien qu’il eût obtenu un visa pour les États-Unis, il préféra avec Vogel rejoindre l’Angleterre. A Londres il se sépara de Geyer, dé­fenseur du « vansittartisme » et il reconstitua avec Vogel et Heine le Parteivorstand. Hostile à toute relation avec les communistes, il réussit à s’entendre avec les organisations socialistes de la gauche (NB et ISK) pour constituer l’Union deutscher sozialistischer Organisationen in Grossbritannien dont il devint le secrétaire et dirigea la publication Die Neue deutsche Republik (La nouvelle République al­lemande) qui fixait les conditions dans lesquelles serait rétablie la future démocra­tie allemande. A la mort de Vogel (octobre 1945), il demeurait le seul membre du Parteivorstand encore en fonction.
A la même date, il participa en Allemagne à la conférence de Wennigsen, près de Hanovre où Schumacher reconnut le mandat reçu par la SOPADE. Devenu en 1946 vice-président du parti que présidait Schumacher, il se rendit indispensable à ce dernier par ses talents d’organisateur, par ses qualités d’application et de régu­larité, par sa modération qui corrigeait les formules offensantes et abruptes du lea­der. Sa nomination à la présidence, en 1952, ne connut donc pas d’obstacle. Cepen­dant il ne fit pas le poids en face d’Adenauer : les élections des années cinquante ne permirent pas au SPD de dépasser la barre des 30 %. Le congrès de Stuttgart lui dé­signa deux adjoints, von Knôringen et Wehner qui introduisirent des préoccupa­tions nouvelles dans l’appareil du parti. Les travaux pour la définition d’un nouveau programme se mirent en route sans Ollenhauer ; c’est sous le coup de la défaite électorale de 1957 qu’il s’y rallia et qu’il en hâta la publication.
Bien avant sa mort, il avait légué une partie de ses pouvoirs à Willy Brandt ; conscient de son manque de rayonnement personnel, il le considérait comme son successeur. Ollenhauereut le mérite d’avoir favorisé le développement d’une géné­ration de militants dans lès Länder et dans les villes appartenant à des horizons au­tres que celui de l’ancien appareil et à qui il finit par passer la main. De sa notoriété sur le plan international témoigne le fait que, peu de temps avant sa mort, il fut élu à la présidence de l’Internationale socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216505, notice OLLENHAUER Erich par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 11 mai 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : 20 Jahre Kampf um Jugendschutz und Jugendrecht,{} 1925. — Dem ganzen deutschen Volk verpflichtet, 1957. — Reden und Aufsätze, éd. par F. Sänger, 2e éd., 1977.

SOURCES : W. Brandt, Erich Ollenhauer. Ein grosser Sozialist, Berlin, 1964. — L. Edinger, German Exile Politics, Los Angeles, 1956. — W. Rœder, Die deutschen sozialistischen Exilgruppen in Grossbritannien 1940-1945, Hanovre, 1968. — Brigitte Seebacher-Brandt, Ollenhauer Biedermann und Patriot, Berlin, 1984. — Osterroth, op. cit. —Rœder et Strauss, op. cit.

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