PANNEKŒK Anton

Par Serge Cosseron

Né le 2 janvier 1873 à Vaassen (Pays-Bas), mort le 28 avril 1960 à Amsterdam (Pays-Bas) ; astronome d’origine hollandaise, militant socialiste, puis communiste en Allemagne, partisan d’une République des conseils.

De nationalité hollandaise, Anton Pannekœk (ou Pannekoek) n’en joua pas moins un rôle déci­sif dans l’évolution de la gauche social-démocrate, puis dans le jeune mouvement communiste de 1905 à 1921.
De plus, il mena de front une carrière académique et une activité militante ac­tive ou de réflexion pendant toute son existence. Après des études supérieures d’as­tronomie à Leyde de 1891 à 1895, il y travailla de 1898 à 1906 comme technicien à l’Observatoire. Entré dès 1899 dans la social-démocratie, il acquit de solides connaissances théoriques et devint l’un des principaux militants du SDAP hollan­dais à partir de 1902 ; en compagnie de Herman Gorter et de Henriette Roland- Holst il en anima l’aile gauche. A partir de 1904, il entra en contact étroit avec la social-démocratie allemande en multipliant les articles pour la revue de Kautsky, Die Neue Zeit et les journaux Leipziger Volkszeitung et Bremer Bürgerzeitung. Il donna sa première conférence en Allemagne, à Brême, sur le thème « Religion et socialisme » en septembre 1905, avant d’être appelé à faire un séminaire sur le ma­térialisme historique et les théories sociales à l’École des cadres du Parti social-dé­mocrate à Berlin en 1906. Mais dès l’automne 1907, cette collaboration cessa sous la pression des autorités prussiennes. Bien que l’organisation de Brême lui eût de­mandé de continuer ses cours, il s’y refusa et ouvrit par contre une correspondance de presse pour le Parti social-démocrate. De retour en Hollande, il créa la revue Die Tribune, organe de la gauche à l’intérieur de la social-démocratie. Se faisant peu d’illusions sur la prise du pouvoir du prolétariat à l’aide des urnes, Pannekœk insista sur l’émergence de nouvelles formes de luttes, grève de masse entre autres. Comme l’organisation du SPD de Brême connut de son côté une évolution semblable, tout du moins son aile gauche, Pannekœk accepta son invitation en avril 1910 à se char­ger de la formation socialiste des ouvriers. Le radicalisme de son enseignement pro­voqua un conflit avec les dirigeants syndicaux et en avril 1911, ses cours furent ré­servés exclusivement aux cadres du parti. Cette expérience fit de Pannekœk le men­tor de l’Opposition de gauche au sein de la social-démocratie, par ses attaques contre la bureaucratie politique et syndicale et par l’importance qu’il commençait à donner à l’auto-organisation des masses ouvrières.
Cette position de figure de proue de la gauche l’exposa aux attaques des in­stances centrales du parti, puis à celle de Kautsky avec lequel il cessa toute collaboration à Die Neue Zeit en avril 1912.
Expulsé d’Allemagne à la déclaration de guerre, il devint professeur d’ensei­gnement secondaire en Hollande puis, en 1918, assistant à l’Université d’Amster­dam, avant de devenir professeur d’astronomie en 1932. Pendant toute la guerre, de 1914 à 1918, il soutint les positions de Lénine à Zimmerwald et continuai influen­cer profondément les activités de J. Knief et de J. Borchardt, respectivement à Brême et à Berlin. En 1918, il fonda le Parti communiste hollandais et soutint en Allemagne les IKD avant de devenir le porte-parole et le théoricien de la majorité du KPD, antiparlementaire et antisyndicale, qui fonda en avril 1920 le KAPD. Il fut exclu du secrétariat du Bureau de l’Europe occidentale de l’Internationale après avoir défendu une politique très différente de celle exigée par les bolcheviks, fon­dée sur l’autonomie du mouvement révolutionnaire par rapport aux organisations social-démocrates voire communistes. A partir de 1921, il abandonna la politique militante pour se consacrer à des travaux sur la voie lactée et sur la constitution de l’atmosphère autour des étoiles. Politiquement, il participa à des petits groupes de réflexion sur les principes d’une société communiste fondée sur la constitution de conseils ouvriers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216508, notice PANNEKŒK Anton par Serge Cosseron, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 24 juin 2020.

Par Serge Cosseron

ŒUVRE : Religion und Sozialismus, 1906. — Ethik und Sozialismus, 1906. — Der Kampf der Arbeiter ; sieben Aufsätze aus der Leipziger Volkszeitung, 1907. — Die taktischen Differenzen in der Arbeiterbewegung, 1909. — Klassenkampf und Nation, 1912. — Marxism and Darwnism, 1912. — Weltrevolution und kommunistische Taktik, 1920. — Lenin als Philosoph, 1938 (trad. franç., 1970). — Workers’ councils, 1950 (trad. franç., 1982). — En français : L’ennemi, la guerre, la paix, postf. de P. Mattick et J.J. Lebel, Pannekœk et les conseils ouvriers, textes choisis, 1977. — (avec K. Kautsky et Rosa Luxemburg), Socialisme : la voie occidentale, 1983. — La Tâche, la lutte, la pensée, 1982.

SOURCES : K.E. Moring, Die soziaidemokratische Partei in Bremen, 1890-1914, Hanovre, 1968. — D. Authier et J. Barrot, La Gauche communiste en Allemagne, 1918-1921, Paris, 1976. — Cl. Pozzoli (éd.), Kritik des Leninismus : ausser dem Diskussion, Archiv, Dokumente, Bibliographien, Rezensionen, Hinweise, Francfort, 1977. — Ph. Bourrinet, Aux origines du courant international communiste des conseils. La Gauche communiste hollandaise (1907- 1950). Du tribunisme au « conseillisme », 2 vol., Thèse, Paris, 1988.

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