Par Serge Cosseron
Né le 7 février 1892 à Berlin, mort le 12 mars 1955 à Avegno (Suisse) ; écrivain anarchiste indépendant.
Treizième enfant d’un ouvrier limeur d’origine hollandaise, Theodor Plievier commença à travailler à partir de douze ans comme garçon de course avant de quitter le domicile paternel et d’entamer un long périple en Europe centrale, puis en Hollande où il s’embarqua pour l’Amérique latine. Véritable autodidacte, il commença dès son adolescence à écrire des poèmes et tint un journal intime. Revenu en Allemagne à la veille de la guerre, il s’engagea dans la Marine. A Kiel, en 1918, il assista au soulèvement de la Marine allemande. Sympathisant de l’USPD, il entra dans le mouvement social par l’écriture : il fut rédacteur à Republik, un journal des conseils d’ouvriers et de soldats. Puis, ayant rencontré des anarchistes, il les rejoignit dans leur revue Anarchie. Installé à Berlin à la fin 1920, il mena pendant sept ans une vie misérable, marquée par quelques travaux d’écriture et la fondation de sa propre revue Der Aufbruch (Le départ). Ce n’est qu’à partir de 1927, lorsqu’il décida de se consacrer à la littérature, qu’il obtint de grands succès avec son roman sur la révolte des marins de 1917, Des Kaisers Kuli, qui fut mis en scène par Piscator. Travaillant sur l’actualité sociale, Plievier écrivait avec précision et disséquait la réalité socio-psychologique de ses héros. Anarchiste individualiste, il se refusait à tout engagement partisan. Mais il répondit à la montée de Hitler en faisant une tournée pour le SAP et vota pour le SPD en 1932. Menacé par les nazis, il émigra en Tchécoslovaquie, puis en France. A Paris il reçut une invitation de la Marine rouge à visiter l’URSS. Arrivé en août 1934, il y fut retenu de force jusqu’en 1945. Impressionné par la bataille de Stalingrad, il demanda à écrire un roman sur le sujet et obtint la permission d’interviewer les officiers allemands prisonniers. Le succès international du livre lui valut de revenir très vite en Allemagne de l’Est ; en 1947, il rejoignit l’Ouest et s’installa en Suisse à partir de 1949.
Par Serge Cosseron
ŒUVRE : Des Kaisers Kuli. Roman der deutschen Kriegs flotte, 1929. — Stalingrad, 1945 (trad. franç.). — Berlin, 1954.
SOURCES : H. Schulze-Wilde, Theodor Plievier. Nullpunkt der Freiheit. Biographie, Munich, Vienne, Bâle, 1965. — Durzak, op. cit.