Par Pierre Ayçoberry
Né le 1er avril 1810 à Cologne, mMort le 13 septembre 1851 à Laeken, près de Bruxelles (Belgique) ; militant démocrate, proche des socialistes au cours de la révolution de 1848.
Fils d’un employé civil de l’armée prussienne, Franz Raveaux eut une jeunesse aventureuse : renvoyé du gymnase de Cologne, élève des Beaux-arts à Düsseldorf, engagé dans l’armée puis déserteur, soldat de fortune en Belgique (1830) et en Espagne (1834), il finit par s’installer à Cologne comme marchand de tabac et ne quitta plus cette ville, sauf en 1842, pour une nouvelle expérience, tout aussi malheureuse, comme agent d’émigration dans l’Eifel.
En deux ans (1844-1846), il acquit une grande popularité en défendant les petits et pourfendant les gros. Se présentant lui-même comme « ni riche, ni noble, ni savant » et se référant aux valeurs, typiques de la petite bourgeoisie, de « fidélité et honorabilité », il fonda une Feuille d’annonces, une Association du commerce et des métiers, une Nouvelle société de carnaval. Ses cibles furent tour à tour les négociants en vins qui exploitaient les vignerons de la vallée de l’Ahr, les compagnies de navigation à vapeur qui ruinaient les bateliers du Rhin, les autorités politiques, les militaires qui en août 1846, au cours d’une bagarre, tuèrent un manifestant, les spéculateurs responsables du krach du bâtiment. Allié avec des socialistes plus ou moins avoués comme d’Ester, il se fit élire au conseil municipal.
Pendant la révolution de 1848-1849, il se retrouva tout naturellement à la tête de la Société démocratique et subit, plutôt qu’il ne provoqua, des alternances de polémique et d’alliance avec les chefs du mouvement ouvrier, Gottschalk et K. Marx, qui lui retournaient volontiers ses sarcasmes. Ce qui ne l’empêchait pas de mener une carrière nationale, au Vorparlament, puis au Parlement de Francfort où il siégeait parmi les démocrates modérés, la « gauche en habit ». Il se rendit célèbre en faisant voter une motion qui demandait aux Parlements régionaux de suspendre leurs travaux tant que celui de Francfort n’aurait pas achevé son œuvre constitutionnelle. D’abord partisan de l’unité « grande-allemande » (incluant l’Autriche), il se résigna en mars 1849 à défendre la constitution. Il était à ce moment l’un des dirigeants les plus en vue de l’Association centrale de mars (Zentralmärzverein) ; l’organisation nationale des démocrates et les derniers députés du Parlement national, réunis à Stuttgart, le choisirent comme membre de l’exécutif ou « régence provisoire ». Après les derniers combats, il s’enfuit successivement en Suisse, en France et en Belgique.
Par Pierre Ayçoberry
ŒUVRE : Die Kölner Ereignisse vom 3. und 4. August nebst ihren Folgen, 1846.
SOURCES : K.L. Kaufmann, « Aus dem Leben Franz Raveaux’s », in Rheinische Vierteljahresblätter, 1935. — J. Droz, Les révolutions allemandes de 1848, Paris, 1957.