Par Jacques Droz
Né le 3 octobre 1898 à Bad Ems, exécuté le 20 octobre 1944 à Berlin-Plötzensee ; militant social-démocrate antinazi.
Fils d’un instituteur, élevé dans le Taunus, Adolf Reichwein participa aux mouvements de jeunes, mena la vie des Wandervögel et garda de ces expériences le sens des beautés naturelles et le goût de la camaraderie. Après l’Abitur, il se porta volontaire pour le front russe où il refusa d’obéir à un ordre d’exécution, puis passa sur le front français où il fut grièvement blessé. Il revint de la guerre conquis à l’idée républicaine. A Darmstadt où il poursuivit ses études universitaires, il entra dans l’Akademische Vereinigung qui regroupait les membres de la Jugendbewegung et lui permit d’étendre ses relations, notamment au cercle de Stephan Georg. Il y mit sur pied ses idées sur la pédagogie qui devait constituer, selon lui, la base de toute culture politique et de toute transformation de la société. Il y fit de nombreuses conférences, notamment sur le rapprochement nécessaire de l’Allemagne et de la France. Nommé conseiller au ministère de la Culture pour les questions d’éducation populaire, il prit en mains ces problèmes à l’Université populaire de Halle où il créa un centre culturel pour les ouvriers des usines Zeiss. A son retour d’un voyage en Extrême-Orient et aux États-Unis (1926-1927) — pour les régions moins lointaines il s’était acheté un avion de tourisme qu’il pilotait lui-même —, il fut chargé par le ministre Heinrich Becker de la création d’Académies pédagogiques qui devaient réformer l’enseignement donné aux instituteurs et dans lesquelles il appliquait son expérience acquise dans les mouvements de jeunesse. A cette époque de sa vie, repoussant énergiquement la lutte des classes, considérant que le peuple constituait une unité indissoluble, il se refusait à entrer dans un parti politique ; il n’adhéra au SPD qu’en 1932, pour pouvoir mieux soutenir la résistance ouvrière au nazisme.
L’avènement du nazisme lui fit perdre son poste à Halle. Il put cependant ouvrir à Tierensee, près de Berlin, une école modèle dont il devait décrire les ambitions et les succès dans son livre Schaffendes Schulvolk. Le régime nazi, qui désirait le récupérer, lui conféra en 1939 la direction pédagogique du Volkskunde-Museum, qui fut installé dans le Prinzessinnenpalais à Berlin. Mais déjà il s’était engagé dans la Résistance, dont son musée devint l’un des centres ; grâce à Mierendorff dont la mort l’affecta profondément, il était entré dans le cercle de Kreisau où il fut chargé d’étudier le statut de l’Allemagne après Hitler. Il semble que ses convictions religieuses, qui lui faisaient souhaiter l’avènement d’une Deutsche Christenschaft dépassant les divergences confessionnelles, lui fissent désapprouver l’attentat contre Hitler. Il essaya d’autre part d’élargir le cercle de ses relations en-dehors de Berlin et à cette fin il utilisa les conférences qu’il put faire au Danemark, à Paris et sur le front russe. Pour connaître les réactions communistes à un éventuel coup d’État, il prit contact, aux côtés de Leber, avec des organisations communistes : dénoncé par un espion qui s’était infiltré dans leurs rangs, il comparut devant le Volkstribunal et, après d’affreuses tortures, fut pendu à Plötzensee.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : China und Europa. Geistige und künstlerische Beziehungen im 18. Jahrhundert, 1923. — Die Rohstoffwirtschaft der Erde, 1928. — Erlebnisse mit Menschen und Tieren zwischen Fairbanks, Hongkong, Huatusco, 1930. — Mexiko erwacht, 1930. — Blitzlicht über Amerika, 1930. — Schaffendes Schulvolk, 1937. — U. Schulz (éd.), Bibliographie der Schriften A. Reichweins, 1966.
SOURCES : J.L. Henderson, Adolf Reichwein. Eine politisch-pädagogische Biographie, Stuttgart, 1958. — G. van Roon, Neuordnung im Widerstand, Munich, 1937. — W. Huber, A. Krebs, Adolf Reichwein 1898-1944. Erinnerungen, Forschungen, Impulse, Paderborn, Munich, Vienne, Zurich, 1981. — Osterroth, op. cit.