Par Gilles Morin
Né le 16 septembre 1929 à Courrières (Pas-de-Calais), mort le 23 décembre 2015 à Soubise (Charente-Maritime) ; agent des postes ; militant radical-socialiste puis socialiste de la Seine, puis de la Seine-Saint-Denis, membre du comité politique national du PSU (1961-1963), membre du comité directeur (1971-1973 ; 1977-1979), puis du secrétariat national du Parti socialiste (1979-1989), secrétaire de la fédération socialiste de Seine-Saint-Denis (1971-1975) ; secrétaire d’État à la Formation professionnelle (mai-juin 1981) ; secrétaire d’État au Logement (1991-1992) ; ministre délégué à la Coopération et au Développement (1992-1993) ; maire du Pré-Saint-Gervais (1977-1995) ; sénateur de Seine-Saint-Denis (1977-1991, 1995-2004) ; conseiller régional d’Île-de-France (1992-1995).
Marcel Debarge, fils de Joseph, Jean, Baptiste Debarge, facteur et de Henriette née Chauvin, sans profession, commença à travailler en exerçant des emplois intermittents, de balayeur à commis d’agent de change, avant de rentrer par concours aux PTT à l’âge de dix-huit ans. Il fut par la suite gérant de cantine PTT, puis contrôleur des PTT. Militant syndical, tout d’abord au sein d’un syndicat autonome, puis à la CGT en 1958, il anima divers mouvements de grève. La guerre d’Algérie le poussa à s’engager en politique. Proche des radicaux-mendésiste, adhérent du Comité d’action démocratique fondé par les mendésistes exclus du parti radical, Marcel Debarge, devint responsable de la section PSA de Pavillons-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis) en octobre 1959. Il participa en avril suivant à la fondation du Parti socialiste unifié et fut membre de la commission exécutive de l’Union départementale de la Seine en avril 1960, responsable du bureau du secteur-Est. De très grande taille (plus d’un mètre quatre-vingt-dix) et de fort gabarit, il s’illustra dans les services d’ordre des manifestations. Secrétaire de la fédération Seine-Banlieue du PSU le 22 janvier 1961, il entra au comité politique national (CPN) en avril 1961. Élu majoritaire de la motion B au CPN à l’issue du congrès d’Alfortville en janvier 1963, il fut désigné par celui-ci comme responsable de la commission entreprise, le 3 février 1963. Il fut membre du bureau provisoire désigné par le conseil national des 22 et 23 juin 1963, chargé de conduire le parti jusqu’au congrès de novembre 1963, puis réélu en novembre. Il était encore délégué du PSU à la réunion préparatoire des colloques socialistes des 7-8 décembre 1963 et participa aux colloques socialistes organisés par Georges Brutelle* en 1964.
Marcel Debarge représenta le PSU comme candidat aux élections législatives de 1962. Selon lui, il aurait été déçu par les divisions du PSU et il reprit un temps son action syndicale.
Comme beaucoup de mendésistes, Marcel Debarge quitta le PSU pour se rapprocher de la FGDS. Lui alla plus loin et adhéra à la fédération SFIO de la Seine qui pratiquait l’unité d’action avec les communistes. Il devint secrétaire de la section socialiste de Pavillons-sous-Bois en 1958 et fut membre du bureau fédéral du nouveau PS de Seine-Saint-Denis en mai 1969. Il se trouve aux côtés de Claude Fuzier*, Alain Savary* et Jean Poperen* dans la minorité au congrès d’Épinay.
Élu au comité directeur (CD) du Parti socialiste après le congrès d’Épinay en juin 1971 (tendance Savary-Mollet), membre du courant de la « Bataille socialiste » et rédacteur en chef du bulletin éponyme jusqu’en 1974 au moins, Marcel Debarge devint premier secrétaire de la fédération de Seine-Saint-Denis du Parti socialiste en 1971, après le congrès d’Épinay. Sa carrière politique gagna en importance en 1977, année où il devint maire du Pré-Saint-Gervais, commune périphérique de Paris comptant 15 000 habitants, et surtout sénateur de Seine-Saint-Denis.
Progressivement, Marcel Debarge rallia la majorité mitterrandiste et, alors qu’il n’avait pas été réélu au CD en 1973, il le réintégra en 1977. Deux ans plus tard, au congrès de Metz, il entra au secrétaire national, chargé des collectivités locales, et devint l’un des animateurs de la FNESER dont il fut vice-président. Diplomate confirmé, il fut ensuite chargé de deux fonctions délicates. Tout d’abord les relations extérieures (c’est-à-dire les rapports avec le PCF et les radicaux de gauche), à Valence et Bourg-en-Bresse (1981 et 1983), puis il eut à charge les fédérations et le contentieux électoral, aux congrès de Toulouse et de Lille (1985-1990). L’ancien syndicaliste CGT négocia habilement avec le PCF pour les municipales de 1989. Il était en titre en troisième position dans la hiérarchie socialiste, après Lionel Jospin et Jean Poperen. Mais il se sépara de Lionel Jospin pour le congrès de Rennes en 1990. Devenu fabusien modéré, il fut enfin secrétaire national, chargé de la coordination, membre du comité de coordination du parti, numéro 2 du PS après le congrès de Rennes (1990-1992). Depuis des années il avait noué des liens particuliers avec François Mitterrand* qu’il recevait tous les ans dans un excellent restaurant de sa commune.
Marcel Debarge appartint à plusieurs gouvernements. Il fut un éphémère secrétaire d’État à la Formation professionnelle du gouvernement Mauroy (mai-juin 1981), le poste étant réservé à un ministre communiste après les législatives. Dix ans plus tard, après avoir souvent sonné l’alarme sur la situation de la banlieue, il fut secrétaire d’État au Logement dans le gouvernement Rocard, auprès de Paul Quilès (1991-1992), puis ministre délégué à la coopération et au développement dans le gouvernement Bérégovoy (1992-1993). Après avoir présidé une commission sur le statut de l’élu à la demande de Pierre Joxe, il remit son rapport en 1990 et eut la joie de voir aboutir ce dossier qui visait à protéger les élus communaux en 1992.
Marcel Debarge fut encore conseiller régional d’Île-de-France en 1992-1995.
Il s’était marié le 16 juillet 1952 à Paris Xe arr. avec Jacqueline Camenieu, il mourut le 23 décembre 2015 à Soubise (Charente-Maritime).
Par Gilles Morin
asas. SOURCES : Arch. Nat., 581 AP, fonds A. Seurat et M. Klein ; fichiers PSA-Seine. — Arch. OURS, dossier personnel, fichier « Bataille socialiste », fonds C. Fuzier. — Arch. F. JJ. Jaurès, 9EF/1. — FNESER, Annuaires des maires socialistes, municipales, mars 1983 et 1989. — Tribune socialiste, 4 février 1961 et n° 41, 2 février, 29 juin, 16 novembre, 14 décembre 1963. — Encyclopédie périodique, Communes et maires de France, société générale de presse, 1987. — Communes de France, n° 341, octobre 1995. —Patick Roger, "Marcel Debarge. Ancien ministre socialiste", Le Monde, 31 décembre 2015, p. 17. — État civil.