BARBIER Antonin

Par Jean-Michel Steiner

Né le 5 février 1904, mort le 22 octobre 1948 ; ouvrier mineur de la Loire, tué lors des affrontements du puits Cambefort.

Antonin Barbier était le fils de Noël Barbier (1880-1945), mineur à la Malafolie, commune du Chambon-Feugerolles (Loire), et d’Antoinette Varenne (1880-1962) passementière, née à Saint-Étienne. Avec deux autres enfants, Antoinette, Françoise, né le 30 juin 1902 et Marie Antoinette, née le 11 mars 1905, cette famille ouvrière vécut d’abord au Chambon-Feugerolles dans une période ponctuée de longues et dures grèves des ouvriers métallurgistes. En 1908, la famille s’installa à Firminy, ville limitrophe. Envoyé au front dès la mobilisation d’août 1914, blessé en septembre, le père Noël Barbier fut mobilisé à la Cie des mines de Firminy & Roche-la-Molière. Démobilisé après la naissance, le 3 octobre 1914, de son quatrième enfant, Antoine Francisque, il continua à travailler comme mineur.

Antonin Barbier suivit l’enseignement de l’école primaire de Fayol. À 14 ans, rejoignant son père, il entra à la Compagnie des mines de Firminy & Roche-la-Molière. Ses deux sœurs étaient dévideuses. L’ainée, Antoinette Françoise, épousa Baptiste Perinochinchin, émigré Italien, ouvrier mineur. Marie sa cadette épousa Henri Pioche ouvrier mineur.

Pendant l’entre-deux guerres, Antonin Barbier travailla au puits Flottard. Le 12 octobre 1935, à Firminy, il épousa Rose Samouillet, née le 16 mars 1915. Au moment du décès d’Antonin, celle-ci travaillait aux aciéries de la Loire, à Unieux (ville limitrophe de Firminy). Ils eurent une fille Marinette Noëlle née le 23 mars 1939. L’esprit de famille comptait beaucoup pour Antonin, qui était très protecteur pour sa femme et sa fille. Il avait choisi de travailler au "poste de nuit" « afin de pouvoir être plus présent le jour pour sa fille », attachant une grande importance au suivi scolaire. Le 22 octobre 1948 avant de partir au puits Cambefort où il fut tué, il avait demandé à sa fille de lui réciter sa leçon de géographie.

« Grand sympathisant de la CGT », dont il respecta toujours les directives, Antonin Barbier s’investit surtout dans les activités de l’Amicale laïque du boulevard Fayol. Affecté spécial, durant la Seconde Guerre mondiale, il participa à la « Bataille du charbon » après la Libération, puis à la grande grève qui débuta le 4 octobre 1948.
Ayant lancé le 18 octobre une opération de grande envergure pour chasser les grévistes des installations minières du bassin stéphanois, les troupes investirent le puits Cambefort aux confins de Roche-la-Molière, Firminy et du Chambon-Feugerolles, le 21 octobre 1948 au matin. Toute la journée des affrontements les opposèrent à des ouvriers venus des entreprises des trois communes minières pour reprendre le puits. Le 22, les heurts reprirent et vers 15h les forces de l’ordre ouvrirent le feu, provoquant de nombreux blessés, tuant Antonin Barbier. André Fougeron en fit le thème d’un tableau présenté au Salon d’automne suivant sous le titre "La mort d’Antonin Barbier à Firminy-sur-Loire", oeuvre emblématique du réalisme socialiste en peinture.

Le 25 octobre 1948, la municipalité de Firminy (Loire), dirigée par le communiste Marcel Combe, organisa pour le mineur tué des obsèques solennelles, suivies par plus de 10 000 personnes, en présence de dirigeants nationaux du Parti communiste (François Billoux) et de la CGT (Alain Le Léap) et de responsables régionaux (Marius Patinaud, Claudius Buard, Julien Airoldi, Louis Dupic).

Dans les années qui suivirent, les mineurs et les syndicalistes désignèrent le puits Cambefort sous le nom de « puits Antonin Barbier ».

Le 8 avril 2019, en présence de Marinette Cornac, fille du mineur assassiné, Marc Petit, maire de Firminy, inaugura une allée Antonin Barbier dans le quartier des Quatre vents.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216554, notice BARBIER Antonin par Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 5 juin 2019, dernière modification le 11 juin 2022.

Par Jean-Michel Steiner

Obsèques d’Antonin Barbier.

SOURCES : Témoignage de Marinette Cornac, fille d’Antonin Barbier —
Arch.Dép. Loire. 3E44 35 — État-civil du Chambon-Feugerolles, Mariages (1901) ; 3E44_25 : Naissances (1901-1902) ; Naissances (1903-1904) ; Naissances (1905-1906). 1R1574, registres matricules 1901, subdivision de Montbrison, n° 1018 ; 6M526 : Firminy liste nominative recensement 1921. — Arch. Mun. Saint-Étienne : 2E158, Naissances (30 juin-31 décembre 1914) ; 5Fi : Fonds des photographies de Léon Leponce.— Musée des Bruneaux Firminy, tract diffusé après la mort d’Antonin Barbier. — Le Patriote de Saint-Étienne, octobre-novembre 1948, années 1949 à 1954. — Faure Pétrus, Le Chambon rouge. Histoire des organisations ouvrières et des grèves au Chambon-Feugerolles, Le Chambon-Feugerolles, Édition du Syndicat unitaire des métaux, 1929 ; Faure Pétrus, Histoire du mouvement ouvrier dans le département de la Loire, Saint-Étienne, Dumas, 1956. — Girault Jacques, Benoît Frachon, communiste et syndicaliste, Paris, 1989. — Martin Jean-Paul, Le syndicalisme révolutionnaire chez les métallurgistes de l’Ondaine (1906-1914). Aperçu sur un type de comportement ouvrier, mémoire de maîtrise d’histoire, dir. Jean-Marie Mayeur, Université de Saint-Étienne, 1971. — Steiner J-M (coordination), Bedoin M, Monneret J.-C., Porte C, 1948 : les mineurs stéphanois en grève. Des photographies de Léon Leponce à l’Histoire, Saint-Étienne, PUSE, 2011. — Steiner Jean-Michel, Métallos, mineurs, manuchards : Ouvriers et communistes à Saint-Étienne (1944-1958), Saint-Étienne, PUSE, 2015.

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