TAULEIGNE Henri, Maurice

Par Jean-Marie Guillon, André Balent

Né le 17 juillet 1925 à Avignon (Vaucluse), abattu le 28 juillet 1944 à Alès (Gard) ; résistant (Francs tireurs et partisans français et Front national).

Alès (Gard), 8 rue Depancieux
Plaque commémorative, rappelant l’assassinat par la Milice d’Henri Tauleigne
Source : Site MemorialGenWeb

Fils de Marcelle Tauleigne née Bernard, ménagère, résidant avec sa mère à Saint-Jean-de-Maruéjols (Gard), le jeune Henri Tauleigne fut arrêté le 26 juillet 1944 en se rendant à Alès par des éléments de la Milice et de la 8e compagnie du 3e régiment de la division Brandebourg. Il conduisait un camion pour transporter le mobilier d’un militaire qu’il devait récupérer à la gare.
Il fut enfermé au Grand Hôtel où le 2e service et la franc-garde de la Milice avaient établi leur siège. Il fut abattu dans la nuit du 28 juillet, rue Deparcieux, en tentant de s’évader. Il fut repéré peu avant minuit par une patrouille de Brandebourg qui contrôlait l’équipage d’un camion qui, faute d’avoir pu trouver des chambres, dormait dans le véhicule. Alertés par le bruit, ils avisèrent le fuyard sur le toit d’un appentis. Après lui avoir ordonné de descendre, ils lui tirèrent dessus et le blessèrent bien qu’il leur ait crié qu’il était menotté et qu’il se rendait. Il tomba du toit d’une hauteur de trois mètres. Une fois à terre, les Brandebourg — il s’agissait de la « bande des Marseillais » dirigés par François Carbone — tirèrent au jugé (car il n’y avait aucun éclairage) dans les jambes.
Le bruit attira les miliciens à qui les Brandebourg laissèrent le malheureux. Selon plusieurs témoignages, les miliciens l’interrogèrent sur le maquis, qu’ils lui reprochaient de ravitailler, d’autant plus que son père et son frère, qu’ils accusaient d’être communistes, l’auraient rejoint (Dans la fiche à son nom, le site MemorialGenWeb indique qu’Henri Tauleigne appartenait aux FTPF (Francs tireurs et partisans français) et au Front national du Gard).
Laissés sans soin et souffrant terriblement, Henri Tauleigne leur aurait dit « Tuez-moi plutôt que de me faire souffrir ». Alors que des miliciens parlaient de le conduire à l’hôpital, un milicien de Nîmes, Félix Soulier né le 11 octobre 1918 à Grandvilliers (Territoire-de-Belfort) lui demanda d’ « avouer » (quoi ?). Comme Tauleigne ne disait rien, Soulier dit : « Puisqu’on ne peut rien en tirer, il vaut mieux en finir », « Finissons-le. Ça en fera un de moins ! » Tauleigne supplia Soulier, réclamant sa pitié. Ce dernier acheva le jeune homme à bout portant. Les miliciens emportèrent ensuite le corps sur une civière. Le chef départemental de la Milice, Charles Roumégous, affirma s’être rendu à Alès, alerté de la collusion entre son 2e service et les Brandebourg et avoir interrogé le chef Jourdan, qui rejeta le meurtre de Tauleigne sur ceux-ci. Il ajouta qu’il avait exclu de la Milice le chef du 2e service à Alès, Bencke, et avoir fait revenir les francs-gardes à Nîmes.
Les miliciens s’emparèrent de son corps et l’ensevelirent, comme on le sut plus tard, dans un lieu qui demeura longtemps inconnu. Il ne fut retrouvé qu’en 1953 car ses restes furent mis à jour par une crue du Gardon. Il y a, au Service historique de la Défense deux dossiers (le premier non consulté) le concernant : à Vincennes (GR 16 P 562954) et à Caen (AC 21 P 660141).
Henri Tauleigne fut homologué comme sergent chef FFI à compter du 1er juin 1944 et reconnu comme « Mort pour la France » par un arrêté du 7 décembre 1949.
Une plaque à la mémoire d’Henri Tauleigne "assassiné par la Milice" a été apposée rue Deparcieux après la Libération. On lui accorda le statut d’interné résistant. Son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avéjan. Une stèle commémorative fut scellée à Alès 8 rue Deparcieux là où il fut assassiné par le milicien Soulier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216594, notice TAULEIGNE Henri, Maurice par Jean-Marie Guillon, André Balent, version mise en ligne le 15 juin 2019, dernière modification le 29 septembre 2022.

Par Jean-Marie Guillon, André Balent

Alès (Gard), 8 rue Depancieux
Plaque commémorative, rappelant l’assassinat par la Milice d’Henri Tauleigne
Source : Site MemorialGenWeb

SOURCES : Arch. nat. 3 W 139, rapport de la police judiciaire de Montpellier sur les crimes et exactions de la Milice en Languedoc-Roussillon, 27 avril 1945. — Arch. de la justice militaire, dossier François Carbone (tribunal militaire de Marseille, Jugement n°654/8464 du 12 décembre 1952). — Arch. dép. Gard 1 W 669 (Crimes de guerre) et 3 U 7 260 (cour de justice du Gard, dossier Roumegous). — Site internet Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 161830. — Lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans le Gard, Nîmes, sd, ONAC-Conseil général, 3e éd. en ligne. — Site MemorialGenWeb consulté le 6 octobre 2020 (André Balent).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable