DEBELLEY Marcel, Félix

Par Gérard Leidet, Jean Reynaud

Né le 21 février 1927 à Gap (Hautes-Alpes), mort le 16 juin 2017 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; ingénieur-enseignant ; militant syndicaliste du SNETAP, secrétaire général du SNETAP-Auvergne, puis de la région PACA ; militant communiste (1953-1959), puis rédacteur des bulletins Le Communiste, Le Communiste des Bouches-du-Rhône et Regroupement Communiste ; militant associatif.

Ses parents, d’origine paysanne, étaient instituteurs ; son père dirigea l’école annexe de l’École normale d’instituteurs de Gap. A la suite d’une coqueluche survenue à l’âge de deux ans, Marcel Debelley conserva des problèmes respiratoire sévères. Chétif et fragile, son enfance fut marquée par plusieurs interdits (ne pas s’exposer au soleil ni aux courants d’air, ne pas transpirer etc.). Il souffrit de cette situation mais il compensa ces carences par une pratique intense de la lecture des auteurs classiques très appréciés par les jeunes lycéens de sa génération : Alexandre Dumas, Jules Verne,Victor Hugo, Pierre Loti etc. Il apprécia aussi les bandes dessinées de l’époque (fan des Pieds Nickelés). Par ailleurs, il disait souvent avoir lu Mein Kampf, alors qu’il était adolescent, ce qui l’aida à comprendre, selon lui, les événements dramatiques qui s’enchaînèrent après les accords de Munich de septembre 1938. Ce contexte expliqua en partie plusieurs traits de sa personnalité : une certaine précocité intellectuelle et une maturité affirmée pour les questions politiques et sociales, une forte détermination dans ses choix de vie (refus du catéchisme, du scoutisme, de l’enseignement du grec et de ce qu’il considérait comme une forme « d’élitisme scolaire », alors qu’il était un excellent élève depuis l’école communale).
Après des études au lycée de Gap, puis au lycée Thiers à Marseille, Marcel Debelley entra à l’École nationale d’agriculture de Montpellier d’où il sortit ingénieur en 1950. Son parcours professionnel s’inscrivit dans le droit fil d’ une vie qui ne rompit jamais avec ses origines familiales paysannes. Il enseigna les techniques agricoles à l’École pratique d’agriculture de Rethel (Ardennes) de 1952 à 1956, au lycée agricole de Clermont-Ferrand-Marmilhat (Puy-de-Dôme) de 1965 à 1970, enfin au lycée agricole d’Aix-Valabre à Gardanne (Bouches-du-Rhône) de 1970 jusqu’à sa retraite en 1987. Au-delà de l’enseignement théorique prodigué aux lycéens, le passionnèrent l’organisation de voyages d’études et les visites d’exploitations qui permettaient à ses élèves de mieux découvrir la réalité du monde rural.

En novembre 1953, Marcel Debelley épousa à Aix-en-Provence Jacqueline Lamarche qui le rejoignit dans les Ardennes où elle devint institutrice. Militante du Syndicat national des instituteurs (SNI), secrétaire de la sous-section du SNI regroupant les communes de Septèmes-les-Vallons et des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône) dans les années 1970, elle partagea avec son mari la totalité de ses orientations et la plupart de ses activités. 
L’engagement syndical de Marcel Debelley constitua un fil conducteur continu de son parcours militant. Jeune ingénieur agronome achevant tout juste son service militaire, il adhéra, dès son premier jour à l’École pratique d’agriculture de Rethel, au petit Syndicat national des écoles d’agriculture (FEN) avec double appartenance à la CGT (1961-1964), et fut l’un des fondateurs, en 1965, du Syndicat national de l’enseignement technique agricole public-FEN (après la fusion de son syndicat avec celui de l’enseignement agricole féminin). Avec la quasi-totalité du SNETAP, il rejoignit la Fédération syndicale unitaire lors de sa création en 1993. Cette forte implication dans le syndicalisme enseignant, « dénuée de tout corporatisme étroit » précisait-il, constituait une évidence, comme elle l’avait été pour ses parents instituteurs au sein du SNI.
Secrétaire régional du SNETAP-Auvergne (1968-1970), puis de l’ensemble Provence-Alpes-Côte-d’Azur-Corse (1970-1973), enfin secrétaire départemental du SNETAP dans les Bouches-du-Rhône (1973-1986), Marcel Debelley représenta son syndicat au conseil d’administration du lycée de Valabre et au Comité paritaire régional de l’enseignement agricole (1978-1986). Il fut membre des commissions administratives départementales de la FEN dans le Puy-de-Dôme et dans les Bouches-du-Rhône, puis du comité départemental de la FSU. Après sa retraite, il participa à la commission exécutive et au bureau de la Fédération générale des retraités de la Fonction publique dans les Bouches-du-Rhône. 
Marcel Debelley, membre du conseil national du SNETAP en 1967-1973, devint secrétaire général adjoint en 1969-1971, puis membre de la commission nationale de contrôle du SNETAP de 1973 à 2004. Il fut membre du collectif national des retraités du SNETAP et de la commission des retraités FSU. Il représenta son syndicat à de nombreux congrès nationaux. En 1970-1971, il prit part au groupe du SNETAP, qui travailla, à Cuba, avec les enseignants cubains du Technique. En 2007, il participa encore très activement, avec l’équipe départementale, à la préparation du Ve congrès national de la FSU qui se tint à Marseille.
L’engagement politique de Marcel Debelley et de son épouse fut lui aussi constitutif de son implication sociale et citoyenne. Après avoir accompagné le mouvement des Auberges de jeunesse, puis adhéré au Mouvement de la Paix, très actif alors contre la guerre d’Indochine, le couple rejoignit les rangs du Parti communiste français en décembre 1953. Marcel Debelley s’opposa sur le fond, à partir de 1956, à la politique d’alliance du PCF avec le Parti socialiste SFIO en raison, notamment de sa position sur la guerre d’Algérie, « trop hostile, selon lui, à l’indépendance immédiate de l’Algérie... ». Il fut, avec son épouse, exclu du parti en 1959.
Des années de militantisme en dehors du Parti communiste suivirent, avec la même cohérence idéologique, toujours guidée par l’anti-colonialisme. Demeuré fidèle aux principes et aux réalisations du « communisme réel », ne disait-il pas, avec une pointe d’humour, s’adressant aux militants communistes de la génération des années 1970 : « Je suis (toujours) communiste. Nous avons été exclus, Jacotte et moi, parce que nous sommes proches des positions de nos camarades de la RDA...". Il n’adhéra à aucune organisation politique, mais devint un des principaux rédacteurs des bulletins Le Communiste (voir Mathias Corvin, Le Communiste des Bouches-du-Rhône (voir Jean-Jacques Aisenmann et Regroupement Communiste. Etant donné le tissu militant restreint regroupé autour de ces diverses publications assez confidentielles, ces nouvelles fonctions de rédacteur représentèrent pour le couple Debelley un travail intense.

Marcel Debelley s’engagea dans de nombreuses associations, outre le Mouvement de la paix, déjà cité, le Comité Audin, le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme, pour la paix, l’Association des amis de la République sahraouie démocratique dont il créa le Comité marseillais en 1975, France-URSS, France-RDA, et surtout France-Cuba dont il fut membre de la direction nationale à partir de 1975, cessant sa fonction de trésorier départemental en 2015.
Passionné depuis toujours par l’histoire sociale, il rejoignit avec son épouse, l’association « Provence mémoire et monde ouvrier » (Promémo ) en 2004 dont il devint trésorier adjoint en 2007 aux côtés de Rémy Nace, trésorier.
Le 12 février 2012, Marcel Debelley signa avec son épouse, la pétition lancée à l’initiative du Comité internationaliste pour la solidarité de classe (CISC) et de l’association des amis d’Edouard Gierek-France. Le texte sous-titré "Non à la chasse aux sorcières en Pologne et en Europe" exigeait que le professeur polonais Zbigniew Wiktor soit rétabli dans tous ses droits universitaires.
En mai 2017, il participa pour la dernière fois au congrès du SNETAP à Laval (Mayenne) avant de décéder un mois plus tard, le 16 juin, d’une crise cardiaque au cours d’une séance d’aquagym.
La musique et la chanson françaises tinrent une grande place dans sa vie (notamment Georges Brassens et Jean Ferrat). Il en fut de même du cinéma. Il anima le ciné-club de son établissement scolaire, organisa des tournées de cinéma entre amis et les séances du Festival d’automne de Gardanne (Bouches-du-Rhône) jusqu’en novembre 2016. Mais ce qui compta surtout fut l’attachement à ses racines paysannes et sa passion absolue pour les plantes. Même s’il n’appréciait guère Jean Giono, pour son pacifisme intégral et pour ses thématiques de « retour à la terre et d’éloge de la vie paysanne qui s’accordaient trop à l’idéologie vichyssoise » (Nicole Racine), Marcel Debelley était, selon de nombreux témoins, « L’homme qui plantait des arbres » et des vignes, partout où il avait vécu...

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21665, notice DEBELLEY Marcel, Félix par Gérard Leidet, Jean Reynaud, version mise en ligne le 22 juin 2017, dernière modification le 15 septembre 2017.

Par Gérard Leidet, Jean Reynaud

SOURCES : Arch. syndicales. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Notes de sa nièce Michèle Frémont (juin 2017) et de Patrick Magro (juin 2017). – Notice Jacqueline Lamarche in DBMOMS (Gérard Leidet)

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