Par Maurice Agulhon, Hélène Chaubin
Né le 2 janvier 1924 à Carcassonne (Aude), tué au combat le 23 août 1944 au Pont-de-la- Mouline (commune de Castanet-le-Haut, Hérault) ; étudiant ; résistant membre du Corps Franc de la Montagne Noire.
Bertrand Lamourelle appartenait à une famille d’industriels de Carcassonne. Il était le petit-fils du fondateur de la première entreprise de tri et de fabrication de chiffons de Carcassonne. Après avoir obtenu en 1943 le baccalauréat dans la série Mathématiques, il intégra l’École supérieure de Commerce de Toulouse. En juin 1944, à la nouvelle du débarquement allié en Normandie, il décida de rejoindre un grand maquis : le Corps Franc de la Montagne Noire. Il laissait à sa famille une lettre d’adieu : « Le patriotisme, c’est accepter de se faire casser sa pipe pour barrer la force brutale ». Et on a retrouvé dans ses Carnets ces vers de Charles Péguy, les deux premiers de la deuxième strophe de ce long et célèbre poème :
« Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles
Couchés dessus le sol à la face de Dieu ».
De juin à août 1944, le maquis fut engagé dix fois dans des combats avec l’armée allemande en retraite. On nomme « cavaliers » ces maquisards parce que ce sont ceux qui ont suivi ou rejoint le capitaine Bernard Jouan de Kervenoael et ses cavaliers du 3e Dragons. Ils formaient le maquis De Lattre de Tassigny. Kervenoael a décidé de reprendre pour ses combattants le titre de « Deuxième régiment de chevaux-légers lanciers, c’est-à-dire le nom que portait le 3e Dragons sous l’Empire. Le CFMN est celui des maquis qui a été le plus militarisé : par la discipline, l’organisation, l’uniforme.
Le 24 août, le cavalier Lamourelle était sous les ordres directs du chef de peloton, le sous-lieutenant Bardiès, dans l’escadron Jourdain. Il faisait donc partie du groupe armé de fusils-mitrailleurs posté le 24 août sur le plateau qui domine le Pont- de- la- Mouline. Ils voulaient attaquer une colonne allemande d’environ 2 000 hommes qui venait d’Albi. Mais ils furent surpris et pris au piège par l’irruption de soldats allemands arrivés en nombre avant eux afin de réparer le pont récemment saboté. Après un premier engagement interrompu par un violent orage, les cavaliers reçurent l’ordre de se replier. Lamourelle qui disposait d’un fusil-mitrailleur, était de ceux qui se battaient encore. Mais il fut atteint, roula à terre et cria « Vive la France ! ». Bardiès rampa jusqu’à lui, le chargea sur son dos. Mais une nouvelle rafale tua Lamourelle. Le repli fut difficile. Le capitaine Kervenoael comptait parmi les quinze blessés. Les Allemands qui avaient réparé le pont repartirent. Le lendemain 25 août le sous-lieutenant Bardiès retourna sur les lieux du combat et retrouva les corps des neuf victimes.
Le lendemain eurent lieu leurs obsèques à Cambon. Les cercueils étaient recouverts du drapeau tricolore à l’exception de celui du Russe Wladimir Arakamia recouvert du drapeau rouge de son pays. Bertrand Lamourelle fut enterré à Cambon Mais il a été par la suite inhumé à Carcassonne dans le caveau de sa famille.
Il a été reconnu mort pour la France, et décoré de la Croix de guerre. Une rue de Carcassonne porte son nom.
Par Maurice Agulhon, Hélène Chaubin
Un étudiant audois engagé dans le CFMN qui trouva la mort pendant les combats de la Libération.
SOURCES : Roger Mompezat, Le Corps Franc de la Montagne Noire, Journal de Marche, avril-septembre 1944, Les Anciens du Corps Franc de la Montagne Noire, Castres (Tarn), 1963, 245p. — Arch. dép. Tarn, Amis du Corps Franc de la Montagne Noire, 109J 1-23.— Site internet : Amicale du 3ème régiment de Dragons, Tableau d’Honneur. — Site internet : Laissac d’antan, Un héros ordinaire, Bertrand Lamourelle. — La Dépêche, 25 mai 2014, cérémonie commémorative.