DEBORD Joseph, Pierre, Marie

Par Alain Prigent

Né le 18 juin 1888 à Saint-Valson du Couesnon (Ille-et-Vilaine), mort le 18 mai 1943 au camp de Voves (Eure-et-Loir) ; cheminot de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) : syndicaliste unitaire (CGTU) et militant communiste des Côtes-du-Nord [Côtes-d’Armor] ; interné politique.

Né dans une petite commune du nord de l’Ille-et-Vilaine, Joseph Debord adhéra à la CGT dès son entrée aux chemins de fer quelques années avant la guerre 1914. Mobilisé jusqu’en 1916, il fut réintégré comme conducteur de train pour nécessité de service par le ministère des Travaux publics et ce jusqu’à la fin de la guerre.

Joseph Debord participa à toutes les luttes des cheminots de Saint-Brieuc de 1917 à 1920. Il adhéra à la CGTU et fut l’un des plus actifs militants de l’arrondissement de Rennes avec Yves Flouriot* et Gaston Dupuis également militants à Saint-Brieuc. Il adhéra au jeune parti qui comptait une petite centaine d’adhérents dans le département des Côtes-du-Nord, dont les structures territoriales furent multiples jusqu’en 1935. Il fut candidat aux élections municipales à Saint-Brieuc en 1925 et en 1935 sur la liste d’unité ouvrière et paysanne présentée par le PCF. Il fut également candidat aux élections législatives de 1932 et 1936 dans la circonscription de Loudéac où il obtint des scores voisins de 1 % mettant en évidence la difficulté de l’implantation initiale du communisme dans cette partie du département. Les réunions de la cellule de Robien, quartier ouvrier de Saint-Brieuc et proche de la gare, se tenaient chez lui. Il dirigea pendant de nombreuses années le Secours rouge puis le Secours populaire au sein duquel il joua un rôle central dans l’accueil des réfugiés espagnols en particulier en 1937.

Joseph Debord fit, comme la plupart des militants du PCF, l’objet d’une surveillance rapprochée pendant la drôle de guerre, subissant une première perquisition le 21 novembre 1939. L’activité communiste prenant de l’ampleur, la police de Vichy perquisitionna une seconde fois le 1er Mai 1942 à son domicile alors qu’au même moment une manifestation d’inspiration gaulliste, rassemblait, d’après le commissaire spécial, plusieurs centaines de jeunes dans les rues de Saint-Brieuc. Le 27 août 1942, Marcel Cachin fut exfiltré de son domicile de Lancerf (Côtes-du-Nord), par un groupe commandé par André Cavelan*. Quelques jours plus tard, le 24 septembre 1942, Joseph Debord fut arrêté en même temps que Pierre Le Quéinec*, et Pierre Audren. Transféré à Guingamp puis à Voves le « Père Debord », comme l’appelaient affectueusement ses camarades, mourut d’épuisement dans le camp d’internement le 18 mai 1943. Louis Guilloux* s’est inspiré de lui pour le personnage de Calvez dans Le Jeu de patience. Enterré avec sa femme Victorine Debord au cimetière de l’ouest à Saint-Brieuc, sa tombe est la seule dont les emblèmes du PCF, la faucille et le marteau, sont gravés dans le marbre. Leur fils, Joseph, instituteur à Planguenoual et membre du Comité local de Libération, décéda des suites de blessures à l’automne 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21685, notice DEBORD Joseph, Pierre, Marie par Alain Prigent, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 27 juillet 2022.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 1M362, 3M395, 2W35, 2W123, 12W28. — Arch. de l’UD-CGT des Côtes-d’Armor. — L’Aube Nouvelle, n° 51, 25 novembre 1945. — Christian Bougeard, Le Choc de la Deuxième Guerre mondiale dans les Côtes-du-Nord, thèse de doctorat d’État, Rennes II, 1986. — Louis Pichoron, Mémoire d’un partisan Breton, Presses universitaires de Bretagne, 1970. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Alain Prigent, La SPAC contre le PCF clandestin, Les Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n° 6/7, 1998. — Entretien avec son petit-fils Marcel Debord.

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