PLEIGNEUR Gustave [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 4 janvier 1871 à Paris (XIe arr.), mort le 11 janvier 1907 à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) ; ouvrier imprimeur, jardinier, laveur de vitres ; anarchiste illégaliste.

Gustave Pleigneur faisait partie de la classe 1888, son numéro de matricule du recrutement était le 2033.
Il demeurait 10 rue Pierre Nys à Paris (11e arrondissement).
Le 2 mars 1888, il fut condamné à 8 jours de prison par le tribunal correctionnel de la Seine, pour abus de confiance.
Le 22 janvier 1889, il s’engagea volontairement. Il fit son service militaire au 2e régiment étranger en Algérie et au Tonkin du 31 janvier 1889 au 19 janvier 1894. Il reçut la médaille du Tonkin.
Le 22 janvier 1894, il demeurait 10 rue de Tourtille.
Le 21 juillet 1894, il fut condamné par la 9e chambre correctionnelle à 13 mois de prison, pour tentative de vol.
Le 22 août 1895, il se réengagea pour 5 ans. Il fut affecté au 2e régiment étranger à partir du 5 septembre 1895.
Le 3 février 1898, le Conseil de guerre d’Oran le condamna à 5 ans de réclusion, pour dissipation d’effets militaires et vol d’un militaire et à 20 ans d’interdiction de séjour.
Le 31 décembre 1906, Gustave Pleigneux était condamné par la 8e chambre du tribunal correctionnel de la Seine à un mois de prison, pour infraction à interdiction
Son frère Joseph Pleigneur dit Manda, était l’amant de la célèbre « Casque d’Or ».
En 1900, Gustave Pleigneur se fit embaucher comme jardinier d’Aristide Briand dans sa villa d’Enghien. « Il se flattait d’être anarchiste et racontait sans se faire prier, que son frère, dans le quartier du Combat, était le chef d’une bande qui terrorisait les bourgeois et tenait en échec la police. Briand et ses familiers le tenaient pour un bavard insignifiant ».
Ce fut à cette période que Gustave Pleigneur devint l’amant de Jeanne Nouteau, la maîtresse d’Aristide Briand : « Elle s’était prise de passion pour les fleurs et le jardinage ». Pleigneur « vantait son travail, lui apprenait le nom des plantes, écartais sur son passage les dernières ronces du sentier...ces apartés agaçaient Aristide qui lui en fit gentiment le reproche. Le manège dura 3 semaines. Puis il cessa. » A ce moment commencèrent les absences de Pleigneur.
« Il travaillait assez irrégulièrement et s’absentait soudainement, sans prévenir personne. Briand ne s’en offusquait pas ».
En juin 1903, après la condamnation de son frère Manda aux travaux forcés, il se rendit à Saint-Martin de Ré pour tenter de le voir, avant son départ pour le bagne.
Le 27 février 1904, Gustave Pleigneur était à la gare de Nouzon (Ardennes). Il arrivait au train de 13h10, venant de Paris. Le soir, il dormait à l’Hôtel de la Poste.
Dans la matinée du 28 février, Dossena, un colon de l’Essai venait le chercher et tous deux allaient à la colonie anarchiste du bois Gesly à Aiglemont, fondée par Fortuné Henry.
Le 13 avril 1904, il habitait officiellement à la colonie, comme l’indiquait son registre matricule (Bois Gelly. Aiglemeont)
En visite à la colonie d’Aiglemont, l’écrivain Maurice Donnay eut la surprise d’y trouver Gustave Pleigneur : « il venait de villégiaturer quelques mois en prison, et, pour se remettre de ses émotions, il faisait une cure de calme et de grand air dans la colonie d’Aiglemont ».
Quant à Briand qui croyait Jeanne Nouteau chez sa mère, il apprit par hasard, qu’elle était à la colonie d’Aiglemont.
Le 29 décembre 1907, Pleigneur fut arrêté dans un hôtel de le rue de Belleville à Paris, où il était venu pour les fêtes de fin d’année, étant toujours sous le coup de l’interdiction de séjour. Il revenait d’Afrique et exerçait alors le métier de laveur de vitres. Au poste de police où il fut fouillé, on trouva sur lui une lettre de son frère Manda envoyée du bagne, celui-ci évoquant leur jeune frère, écrivait : « Je te charge de lui, veille bien sur sa santé, et surtout, tâche qu’il ne tourne pas mal... »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216850, notice PLEIGNEUR Gustave [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 12 juin 2019, dernière modification le 6 août 2021.

Par Dominique Petit

SOURCES : Arch. de Paris. Registres matricules D4RI 648 — Arch. Nat. F7 15968 — Briand 1862-1904 par Georges Suarez. Plon 1938 — Gil Blas 10 août 1906 — L’Echo du rochelais 10 juin 1903 — La Lanterne 2 janvier 1907 — Le Petit Journal 30 décembre 1906.

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