SCHEIDEMANN Philipp

Par Jacques Droz

Né le 26 juillet 1865 à Kassel, mort le 29 novembre 1939 à Copenhague (Danemark) ; homme d’État social-démocrate, premier chancelier de la République de Weimar.

Fils d’un maître artisan, imprimeur de profession, Philipp Scheidemann entra à l’âge de dix-huit ans au SPD, pour lequel il rédigea de nombreux journaux et devint directeur du Casseler Volksblatt. De 1903 à 1918, il siégea au Reichstag où, orateur consommé, il s’occupa surtout des questions financières et militaires et fut élu à la vice-présidence en 1913. En 1911, il était entré au Parteivorstand avec l’ob­jectif de faire de la social-démocratie un parti respectable, intégré au régime impé­rial. « Majoritaire » pendant la guerre, il participa à la conférence du Reich que tint le parti en septembre 1916 et prit la présidence du parti avec Ebert après le départ de Haase. Il avait eu l’occasion de prendre position, à plusieurs reprises, contre les buts de guerre des pangermanistes et l’on désignait sous le nom de « paix Scheidemann » les propositions qu’il avait faites en vue d’une paix sans annexions ni in­demnités. On lui prêtait ce mot : « Nous sociaux-démocrates, nous défendons notre patrie pour la conquérir. » Il accepta, contre son gré semble-t-il, d’entrer en octobre 1918 dans le gouvernement de Max de Bade comme secrétaire d’État sans porte­feuille ; le 4 novembre, il obtint la retraite de Guillaume II et le 9, après avoir donné sa démission comme secrétaire d’État, il prit l’initiative, pour faire pièce à Liebknecht, de proclamer du balcon du Reichstag la République (ce qui lui valut une vive algarade d’Ebert : « Tu n’as pas le droit de proclamer la République. C’est une Constituante qui décidera. »). Membre du conseil des Volksbeauftragten, membre de l’Assemblée nationale puis du Reichstag, il fut appelé par Ebert, le 13 février 1919, à former le premier gouvernement allemand fondé sur la « coalition de Weimar » et dont la politique fut déterminée par la préoccupation de préserver l’Allemagne du danger bolchevique. Il se démit de ses fonctions, le 29 juin, en raison des divisions qui s’étaient manifestées dans son cabinet au sujet de la signature du traité de Ver­sailles, qu’il jugea personnellement « inacceptable ». Élu maire de Kassel en 1920, il fut l’objet en 1921 d’un attentat de la part de l’association Consul, ce qui l’amena en 1925 à renoncer à ses fonctions pour des raisons de santé, mais aussi à préconiser une activité accrue du Reichsbanner contre les associations de droite dans les­quelles il discerna maintenant le plus grave péril pour la République. Passablement détaché de l’activité politique et des séances du Reichstag, il fit cependant en 1926, à la demande du SPD, une enquête sur la Reichswehr dont il dévoila les relations avec les milieux d’extrême-droite d’une part, avec l’Armée rouge d’autre part. Il publia en 1928 ses Memoiren eines Sozialisten, dans lesquelles il tenta de justifier son passé politique.
Obligé d’émigrer en 1933, il se rendit à Prague, d’où ses écrits sur l’Allemagne entraînèrent de sévères représailles sur sa fille et son gendre, puis successivement en Suisse, en France, aux États-Unis, enfin au Danemark où il poursuivit la publi­cation de ses souvenirs. En 1954, son corps fut ramené à Kassel conformément à ses souhaits.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216856, notice SCHEIDEMANN Philipp par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 27 février 2022.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Zwischen den Gefechten, 1920. — Der Zusammenbruch, 1921 (trad. franç., 1923). — Memoiren eines Sozialdemokraten, 2 vol., 1928.

SOURCES : Susanne Miller, Die Bürde der Macht. Die deutsche Sozialdemokratie von 1918- 1920, Düsseldorf, 1978. — J.S. Drabkin, Die Entstehung der Weimarer Republik, Cologne, 1983. — Lexikon, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.

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