Par Jacques Grandjonc
Née le 18 janvier 1882 à Mark (Westphalie), morte le 22 janvier 1952 à Hambourg ; pédagogue social-démocrate de gauche.
Née dans une famille de pasteurs évangéliques dont les quatre enfants furent des militants socialistes, Anna Siemsen fit ses études à Hamm, puis à Münster et fut directrice d’école dans plusieurs villes de Westphalie. Sa haine de l’Allemagne du Second Reich se renforça pendant la Première Guerre mondiale où elle adhéra au Bund Neues Deutschland, de tendance pacifiste, ce qui lui valut d’être placée sous surveillance policière. Elle adhéra à l’USPD, puis en 1922 au SPD. Conseillère auprès du ministère prussien de la Culture pour la réforme de l’enseignement du second degré, elle fut appelée en 1923 par le Land de Thuringe pour réviser la formation des maîtres, en conjonction avec un poste de professeur à l’Université d’Iéna : ses principaux travaux pédagogiques datent de cette époque. En 1928, elle fut élue au Reichstag mais, mécontente de l’attitude de la social-démocratie devant la crise économique et hostile à la politique d’armement, elle participa à la rédaction de revues comme Der Klassenkampf, Marxistische Blätter et à la Jungsozialistische Schriftenreihe. Elle adhéra également au Bund sozialdemokratischer Intellektueller où elle rencontra Henri de Man. Après le congrès de Leipzig, elle contribua avec son frère August (1884-1958), également pédagogue et qui avait suivi la même évolution qu’elle, à fonderie SAPD. Mais à la suite d’une pétition qu’elle avait signée en faveur du professeur pacifisteEmil Gumbel, elle perdit sa chaire d’Iéna.
En 1933, après son mariage avec un Suisse qui lui prêta sa nationalité, elle travailla pour le compte de la social-démocratie helvétique dans la revue Die Frau in Leben und Arbeit (La Femme dans la vie et au travail). Elle soutint la politique du Front populaire allemand et participa aux dernières expériences politiques de Münzenberg, fournissant notamment de nombreux articles à la Zukunft. Rentrée en Allemagne en 1946, professeur de pédagogie à l’Université de Hambourg, elle participa à la lutte pour les États-Unis d’Europe (Cercle Anna-Siemsen). Bien que consciente du danger que représentait la remilitarisation de l’Allemagne, elle resta en RFA jusqu’à sa mort, alors que son frère August émigra en Argentine et rentra en 1955 en RDA où il pensait pouvoir travailler à l’élaboration du socialisme.
Par Jacques Grandjonc
ŒUVRE : Litterarische Streifzüge durch die Entwicklung der Europäischen Gesellschaft, 1925. — Beruf und Erziehung, 1926. — Selbsterziehung der Jugend, 1929. — Auf dem Wege zum Sozialismus, 1931. — Deutschland zwischen gestern und morgen, 1932. — August Siemsen, Preussen, die Gefahr Europas (éd. par Anna Siemsen), 1937. — Der Weg in Freie, 1943. — Einführung in den Sozialismus, 1947.— Frauenleben in drei Jahrtausenden, 1948.
SOURCES : August Siemsen, Anna Siemsen. Leben and Werk, Hambourg, Francfort, 1951. — H. Donat, K. Holl, Hermes Handlexikon. Die Friedens bewegung, Düsseldorf, 1983. — Drechsler, SAPD, op. cit. — Osterroth, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit.