SEVERING Carl

Par Jacques Droz

Né le 1er juin 1875 à Herford, mort le 23 juillet 1952 à Bielefeld ; homme d’État social-démocrate, ministre de Prusse.

Fils d’un cigarier, Cari Severing refusa, pour ne rien devoir à personne, la voie des études théologiques que lui ouvrit un pasteur protestant de Herford et préféra devenir serrurier. Il entra dans le syndicat de la Métallurgie et à travers des associations de chant au SPD. Ayant trouvé du travail à Bielefeld en 1895, il y adopta une attitude strictement réformiste,s’opposant à toute agitation qui pouvait nuire à l’ac­tion syndicale. Il se trouva pourtant inscrit sur une liste noire et il émigra à Zurich où il devint président du Comité central des métallurgistes suisses et entra en rela­tion avec August Bebel et Victor Adler. Revenu à Herford, il poursuivit sa carrière syndicale dans la métallurgie, s’occupant activement des questions de culture ou­vrière et de formation de la jeunesse ce qui lui valut en 1905 d’entrer au conseil mu­nicipal de Bielefeld et au Reichstag en 1907. Directeur de la Bielefelder Volkswacht, il affirma sa position révisionniste en collaborant aux Sozialistische Monatshefte. Il devait la conserver pendant la Première Guerre mondiale.
Membre du conseil d’ouvriers et de soldats, il participa à la conférence de Ber­lin où, en décembre 1918, il prit position pour des élections à une Assemblée natio­nale : il y fut élu en janvier 1919, ainsi qu’au Landtag prussien auquel il appartint jusqu’en 1933. Lorsque la crise se développa à la suite du putsch de Kapp, il fut dé­signé comme commissaire du Reich pour les territoires du Rhin et de la Ruhr et c’est lui qui négocia à la conférence de Bielefeld (mars 1920) un compromis par le­quel l’Armée rouge, dont il avait séparé les syndicats les plus modérés, fut déclarée dissoute. Lorsque Otto Braun constitua le gouvernement de la Prusse, il fit appel à Severing comme ministre de l’Intérieur. A ce titre son œuvre dans la démocrati­sation de la Prusse, notamment dans le domaine de l’administration et de la police, fut considérable, ainsi que dans l’organisation du Reichsbanner. Sa santé l’obligea en 1926 à abandonner ses fonctions, mais après le succès électoral social-démo­crate de 1928, H. Müller lui demanda de rentrer dans la vie publique comme ministre du Reich. Il préféra la réintégration au ministère de l’Intérieur de Prusse, qui devait constituer le principal rempart de la démocratie weimarienne devant la montée du péril nazi. Quand von Papen décida de substituer au gouvernement légal un commissariat du Reich pour la Prusse, Severing répondit qu’il ne céderait que devant la force ; mais lorsqu’il se rendit compte qu’il ne disposait plus du commandement de la police et que toute résistance contre l’armée et les ligues nationalistes était vaine, comprenant que personne ne prendrait la responsabilité d’être « coura­geux aux dépens des camarades », il décida, malgré l’attente de nombreuses orga­nisations ouvrières, de se plier à l’inévitable.
Sans doute influencé par le jugement défavorable porté sur le départ d’Otto Braun, Severing refusa de s’exiler après la prise du pouvoir par Hitler. Après un bref internement, il ne fut plus inquiété par les nazis qui lui accordèrent une pension. Il désapprouva donc l’esprit de résistance, mais il démentit l’allégation communiste selon laquelle il préparait un livre sous le titre Mein Weg zu Hitler (Mon chemin vers Hitler), Quoiqu’il en soit, après la guerre les autorités britanniques ne le consi­dérèrent pas comme une personnalité sûre et lui interdirent d’écrire dans le journal qu’il avait fondé à Bielefeld, Die Freie Presse. Par contre, la section est-westphalienne du SPD le nomma président et l’envoya siéger au Landtag, où il travailla à la constitution du Land.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216895, notice SEVERING Carl par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 26 mai 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Mein Lebensweg. I. Vom Schlosser zum Minister, 1950.

SOURCES : G. de Thier, Betiräge zur Geschichte der Parteipresse. Carl Severing, Diss. Mu­nich, 1955. — Osterroth, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.

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