SEILER Traugott, Sébastian

Par Jacques Droz

Né avant 1810 à Lüben en Silésie (désormais Lubin en Pologne), mort vers 1890 à New York (États-Unis) ; journaliste lié à Weitling et à Marx.

Ayant fait des études de droit, Sebastian Seiler fut en 1830 secrétaire particulier puis greffier au tribunal de Liegnitz (Silésie). Après une période militaire et un sé­jour à Berlin, il se rendit à Paris où il séjourna de 1835 environ à 1839. Il s’y lia avec des publicistes néo-babouvistes (Laponneraye, Choron, Lahautière) et quitta la France probablement après le putsch blanquiste manqué de mai 1839. Il fut mêlé en 1840 à Aarau (canton d’Argovie) à la publication d’une brochure sur Kaspar Hauser — dont il était sans doute l’auteur — et expulsé du canton ; il se rendit alors à Ge­nève où August Becker le mit en relation en 1842 avec la Rheinische Zeitung dont il devint correspondant. Il était alors communiste, membre de la Ligue des justes, lié avec Weitling et Simon Schmidt. Il publia diverses brochures de propagande dont, Das Eigenthum in Gefahr (La propriété en danger, 1843), composée princi­palement d’extraits de A.-L. Constant, Cabet, Proudhon et Weitling, « les quatre évangélistes » du socialisme d’après lui. Lors de l’arrestation de Weitling à Zurich en juin 1843, il prit sa défense dans une brochure anonyme qui lui valut une nou­velle expulsion. Il se rendit fin 1843 à Bruxelles où, après avoir travaillé dans une agence de presse, il fonda en mai 1845 avec un autre réfugié, Carl Reinhard, leur propre agence, le Deutsches Zeitungs-Correspondenz-Bureau qui subsista un peu plus de deux ans et qui employa en particulier Wilhelm Wolff et Edgar von Westphalen, le beau-frère de Marx. Il fut membre à Bruxelles de l’Association ouvrière allemande et de la Ligue des communistes. Il quitta Bruxelles pour Paris en octobre 1847 et participa à la révolution de Février. Jusqu’à son arrestation en juin 1849, il fut sténographe à l’Assemblée nationale, participant depuis Paris au soutien du mouvement révolutionnaire en Allemagne. Il a rapporté le récit des journées de juin dans une brochure, Das Complott vom 13. Juni 1849, oder der letzte Sieg der Bour­geoisie in Frankreich (Le complot du 13 juin 1849 ou la dernière victoire de la bourgeoisie en France, 1850) dédiée à Marx et comportant en annexe un certain nombre de chansons révolutionnaires en français de la prison de La Force, dont quelques-unes de Joseph Déjacque. Il fut expulsé en août 1849 en compagnie de Marx et se fixa à Londres où il était membre du comité de soutien aux réfugiés et prit parti pour la fraction Marx/Engels contre la fraction Willich/Schapper dans les conflits internes de la Ligue des communistes. En février 1856, il émigra aux États-Unis : il s’établit à New York où il eut jusqu’à sa mort une activité d’ensei­gnant, de journaliste et de militant au sein du mouvement ouvrier.
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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216896, notice SEILER Traugott, Sébastian par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 26 mai 2020.

Par Jacques Droz

SOURCES : J. Grandjonc, « Les rapports des socialistes et néo-hégéliens allemands de l’é­migration avec les socialistes français, 1840-1847 », in Aspects des relations franco-alle­mandes 1830-1848, Metz, 1978 ; « Deutsche Emigrationspresse in Europa während des Vormärz 1830-1848 », in Heinrich Heine und die Zeitgenossen, Berlin, Weimar, 1979. — B. Andreas, J. Grandjonc, H. Pelger, Deutsche-Brüsseler-Zeitung. 1. Januar 1847-27. Februar 1848, Bruxelles, 1981

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