Par Jacques Droz
Né le 20 février 1819 à Sarrelouis, mort le 2 février 1872 à Montreux (Suisse) ; député radical au Parlement de Francfort.
Fils d’un professeur de lycée, Ludwig Simon grandit à Trêves, récemment annexée par la Prusse, dans un milieu libéral, affecté par les mêmes problèmes que le jeune Marx. Comme lui, il fut étudiant à l’Université de Bonn, mais s’établit comme avocat auprès du tribunal de la capitale mosellane où il participa au mouvement politique qui se développait autour de la Trierische Zeitung et fut surtout impressionné par les problèmes qui touchaient la paysannerie pauvre. Élu au Parlement de Francfort, il s’inscrivit au club du Donnersberg où il adopta avec Wilhelm Adolf von Tratzschler une attitude politique assez originale qui insistait sur l’autogestion de la classe ouvrière et qui, sous le sigle d’« anarchie culturelle » (Çulturanarchie), voulait la soustraire à toute réglementation contraignante et lui accorder le maximum de liberté et d’initiative. Ses idées sociales étaient d’ailleurs très avancées : il demandait la progressivité de l’impôt sur le revenu et l’aide financière aux chômeurs. Il se tint pendant toute la révolution à l’extrême-gauche de l’Assemblée, envisageant même à l’automne 1848 la formation d’un contre-parlement et ce n’est que tardivement, au moment de l’appel au roi de Prusse pour former un Empire héréditaire, qu’il se rapprocha de Gagern.
Obligé d’émigrer, il se réfugia en Suisse tandis que le tribunal de la ville de Trêves le condamna à mort par contumace, ce qui l’amena à défendre dans plusieurs publications ses idées politiques. Il vécut de 1853 à 1855 en Italie, puis à Paris où il fonda en 1865 une banque privée. Il passa les dernières années de sa vie à Montreux dans la propriété de sa femme. Bien qu’il eût conscience que la prépondérance prussienne était inéluctable, il resta un adversaire décidé de la politique de Bismarck et sa participation à la Ligue internationale de la paix et de la liberté fut le témoignage de son hostilité à l’Empire fondé en 1871.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Aus dem Exil, 2 vol., 1855.
SOURCES : H.G. Böse, Ludwig Simon von Trier. Leben und Anschauungen eines rheinischen Achtundvierzigers, Thèse, Mayence, 1951. — G. Hildebrandt, « Ludwig Simon », in Männer der Revolution von 1848, 1, Berlin-Est, 1970.