Par Jacques Droz
Né le 1er avril 1881 à Oberlind (Saxe-Meiningen), mort le 7 janvier 1951 au Mont-Carmel (Connecticut, États-Unis) ; publiciste et homme politique social-démocrate de droite.
Issu d’une famille de brasseurs, Wilhelm Sollmann fit des études commerciales à Cologne tout en s’occupant des groupes de jeunesse du SPD. Il devait rester toute sa vie membre des organisations d’abstinence des travailleurs. Rédacteur puis directeur de la Rheinische Zeitung de Cologne, il fut élu par cette ville où il avait connu Adenauer, membre du Reichstag ; il participa à la délégation allemande au traité de Versailles et, devenu ministre dans le cabinet Stresemann, fut l’un des organisateurs de la résistance passive dans la Ruhr, tandis que sur le plan local il contribua à la création de l’Université de Cologne. Très préoccupé par les problèmes religieux, il donnait des articles aux Neue Blätter für den Sozialismus de Paul Tillich. Fort maltraité par les nazis lors de leur arrivée au pouvoir, il s’enfuit à Sarrebruck à sa sortie de l’hôpital. Lorsque cette ville fut occupée par les Allemands, il s’en alla à Luxembourg d’où il fit plusieurs voyages à l’étranger et fut invité à parler aux Communes à Londres. Dans l’exil, aux côtés de Wenzel Jaksch qui habitait alors Prague et de Max Sievers, ancien président des libres penseurs allemands et qui rédigeait la revue Freies Deutschland, il fut le représentant de la tendance volkssozialistisch : l’abandon depuis Lassalle des idées patriotiques par le SPD, sa conversion à un marxisme internationaliste et pacifiste étaient selon lui la cause de son impuissance à résister au national-socialisme ; il fallait rétablir les valeurs nationales et populaires et étendre sa clientèle à la paysannerie et aux classes moyennes. Dans la résistance, il prit des contacts avec la Volkssozialistische Bewegung de Max Cahen et avec Otto Strasser. Dans l’espoir d’isoler les communistes, il prit part aux négociations du Comité Lutetia pour la constitution d’un Front populaire allemand.
S’étant établi aux États-Unis à la demande d’une association de Quakers à partir de janvier 1937, il devint rédacteur de la Neue Volks-Zeitung et entra avec Max Brauer dans la German Labour Delegation (GLD), s’opposant vivement à Karl Franz (Paul Hagen) qui l’accusa ouvertement d’antisémitisme. Très lié avec Brüning, il eut de vifs démêlés avec les groupes de gauche de l’émigration et avec les partisans de Vansittart, qui mettaient en cause ses idées conservatrices et nationalistes. De fait, il avait dénoncé pendant toute la guerre l’idée que les émigrés allemands pussent combattre ou fabriquer des armements destinés à être utilisés contre les soldats allemands. Les hostilités terminées, Sollmann, devenu politologue de droite, prit ses distances à l’égard de la politique dans l’exil et se consacra aux États-Unis à son prosélytisme éthique et religieux, tout en marquant, en tant que antimarxiste résolu, son amertume à l’égard de la politique que Schumacher pratiquait au sein du SPD.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Die Revolution in Köln. Ein Bericht über Tatsachen, 1918. — Religion and Politics, 1941. — Zwischen Krieg und Frieden, 1948.
SOURCES : E.H. Kist, Wilhelm Sollmann. The Emergence of a Social Democratic Leader, Thèse, Pennsylvanie, 1969. — F. Hirsch, « Wilhelm Sollmann », in Rheinische Lebensbilder, VI, Cologne, 1975.— H. Kühn et alïi. (éd.), Wilhelm Sollmann, 2 vol., Cologne, 1981.— Rœder et Strauss, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.