COUSIGNE André, Pascal, Alphonse

Par Michel Thébault

Né le 8 août 1922 à Lastours (Aude), exécuté sommairement le 27 juillet 1944 à Chard (Creuse) ; étudiant en droit ; résistant maquis AS de la Creuse, bataillon Jack.

André Cousigné était le fils d’Alfred, Camille Cousigné, âgé de 27 ans, boulanger et de Rose, Mathilde, Marguerite Mouton âgée de 24 ans. Après des études supérieures qu’il termina avec une licence en droit, André Cousigné, célibataire, entra dans la police nationale et était au début 1944, en poste, peut-être stagiaire au commissariat de police d’Aubusson sous les ordres du commissaire de police Gineste. Il s’engagea comme plusieurs de ses collègues du commissariat de police dans la Résistance, son certificat d’appartenance aux FFI (dossier AVCC) indiquant le 28 janvier 1944 comme date d’entrée dans la Résistance.
Au soir du 7 juin 1944, après le départ des Feldgendarmes stationnés à l’Hôtel de France d’Aubusson, un groupe de résistants se saisit du contrôle de la ville. Le retour des troupes allemandes arrivant par la route de Clermont-Ferrand, les 8 et 9 juin obligea les résistants à se disperser. Ils quittèrent la ville au matin du 9 juin, se partageant en deux groupes pour tenter de rejoindre les maquis proches de l’AS. Une grande partie du commissariat de police d’Aubusson, dont le commissaire Gineste et André Cousigné, se replia vers des maquis de l’AS installés dans l’est de la Creuse sous les ordres du commandant Jack (Jack William Brodhurst). Autour du commissaire Gineste devenu capitaine FFI dans la Résistance, se constitua une section d’une quarantaine d’hommes. André Cousigné devint son adjoint, sous-lieutenant FFI. Le groupe dut plusieurs fois changer de cantonnement et se trouvait le 10 juillet 1944 au village de Chertrain, aux environs de Gentioux (Creuse) sur le plateau de Millevaches. Début juillet 1944, les menaces sur les axes stratégiques Clermont-Ferrand – Limoges et Clermont-Ferrand – Tulle amenèrent l’État-major allemand à diriger la brigade Jesser vers le Limousin. L’une des colonnes (colonne rapide du commandant Coqui, régiment de sécurité motorisé n°1000), parvint à Eygurande (Corrèze) le 9 juillet en fin d’après-midi et commença le 10 juillet 1944 des opérations de ratissage dans le secteur de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), Eygurande (Corrèze) et La Courtine (Creuse). Informé de la menace, le capitaine Gineste déplaça sa section vers l’est du département et s’établit dans la nuit du 15 au 16 juillet, sur la commune de Chard, au hameau des Vergnes, lieu pour lui stratégique, l’un des habitants du hameau possédant le téléphone. André Cousigné y fut officier chargé des renseignements, Les jours suivants plusieurs autres sections du bataillon Jack et le commandant Jack lui-même vinrent s’installer en plusieurs lieux de la commune de Chard. L’action des services de renseignements allemands aidés de reconnaissances aériennes permit à l’État-major allemand de localiser précisément les maquis et de préparer une opération d’encerclement et d’anéantissement. A l’aube du 27 juillet 1944 commença une manœuvre d’encerclement par plusieurs colonnes allemandes. Le commandant Jack malgré les multiples avertissements ne sut pas prendre en temps utile la mesure de la menace et ne donna pas l’ordre de repli et de dispersion. Le capitaine Gineste prit à temps, vers 13 heures 30, de sa propre initiative, la décision d’un repli qui lui permit d’échapper à l’encerclement. Il laissa cependant au hameau des Vergnes, André Cousigné pour assurer, avec plusieurs agents de liaison, la permanence téléphonique. Averti par un appel de la gare de Mérinchal de l’approche des troupes allemandes, André Cousigné partit en moto, porter le message au village des Monts, au PC du commandant Jack. Il parvint à délivrer son message au moment même où débuta l’attaque vers 14 heures 30 sur trois côtés à la fois. Le commandant Jack parvint à s’enfuir abandonnant toutes ses archives. Le lieutenant Cousigné fut alors grièvement blessé dans sa fuite à travers champs vers le massif forestier de la Goursole « blessé à 3 heures de l’après-midi de trois balles à la jambe gauche et une quatrième dans le bassin » (dossier AVCC). Fait prisonnier, il fut ramené au village des Monts avant d’être transporté en camion, un peu plus loin, interrogé et torturé avant d’être exécuté sommairement au lieu-dit La Croix de Chez Boudeau. D’abord inhumé à Chard, son corps fut transféré par sa famille à Lastours, son village natal dans l’Aude, en décembre 1944.
Il obtint la mention mort pour la France (décision du 12 octobre 1945) et fut homologué sous-lieutenant FFI, avec prise de rang au 6 juin 1944 (décision du 13 octobre 1945). Soin nom est inscrit sur le monument aux morts de Lastours. Il figure également sur le monument commémoratif de Chard et sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216922, notice COUSIGNE André, Pascal, Alphonse par Michel Thébault, version mise en ligne le 12 juin 2019, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : SHD Caen AVCC Cote AC 21 P 109744 — Bernard Chevalier La Tragédie de Roussines Ed. Creuse Impression. 1999 — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Robert Petit La collaboration, la Résistance et l’épuration à Aubusson (1940 – 1945) Ed. Alice Lyner 2013 — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.

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