LABRO Jean

Par Eric Panthou

Né le 13 novembre 1907 à Arpajon-sur-Cére (Cantal), exécuté sommairement par les SS le 8 juin 1944 à Aurillac (Cantal) ; victime civile.

Jean Labro était le fils aîné de Jean, Jules Labro, cultivateur originaire de Vézac (Cantal) et de Marie Baduel, cultivatrice originaire d’Olmet, commune de Vic-sur-Cère (Cantal). Mariés en 1906, ils ont eu trois enfants nés avant la guerre (6 au total) à Vaurs, commune d’Arpajon-sur-Cère où ils exploitaient la propriété familiale. Le père est mobilisé du 12 août 1914 au 12 septembre 1918 dans le 36è régiment d’artillerie. Il obtient médaille de la victoire.

Jean Labro s’était marié à Arpajon le 18 juillet 1933 avec Agnès Galery, la fille du maire nommé d’Arpajon-sur-Cère, chez qui ils vivaient. Il était père de 4 garçons, nés entre 1934 et 1939. Sans être engagé dans la résistance, Jean Labro écoutait Radio-Londres et fournissait du fromage aux maquisards des environs, mais il avait d’après les témoignages recueillis par M. Rispal, une telle peur des Allemands qu’à l’annonce de l’arrivée à Aurillac d’un détachement de SS de la Panzerdivision “Das Reich”, son frère qui tenait la ferme de Cropières, commune de Raulhac (Cantal), lui proposa de s’y cacher. Il apprit bientôt la mort du jeune Jean Alric [226890], un viol dans une ferme du Puy-Courny tenue par un parent, l’exécution de deux maquisards (Noual [212329] et Bastide[211861]), mais n’eut pas le temps de se réfugier à Cropières.

Le 7 juin un groupe de SS vinrent à la ferme Lavergne, propriété du maire d’Arpajon-sur-Cère Joseph Galery, pour saisir de la nourriture. Ils virent le gendre du maire, Jean Labro, traverser la cuisine et partir par la cave. Ils ne purent le trouver malgré la fouille. Ils revinrent à 3 heures du matin le lendemain 8 juin, le gendre en profitant pour de nouveau s’échapper par la cave. Les Allemands tirèrent de nombreuses balles à travers volets et portes. Une fois le calme revenu, le fermier vit le docteur qui lui apprit qu’il venait de soigner un allemand ayant eu la main arrachée par une grenade qui avait ricoché contre un barreau lors de l’attaque nocturne de la ferme. Bientôt, les Allemands revinrent et reprochèrent à Jean Labro d’être responsable de cet incident qui avait coûté la vie à leur camarade. Ils menacèrent de tuer toute la famille si Jean Labro ne se rendait pas. Les SS ont aligné les domestiques, le maire et sa fille, puis la bonne yougoslave et les enfants dont la petite réfugiée de Marseille devant un mur de la cour, les bras levés et manœuvrant la culasse de leurs armes, menaçaient de les fusiller tous et d’incendier la maison. Agnès Galéry, aidée du garde-champêtre et de l’auto d’un voisin, partit à la recherche de son mari qui bientôt vint se rendre. Il fut interrogé et emmené à pied vers Aurillac en compagnie du fermier et des domestiques. Ils trouvèrent sur la route un commissaire de police accouru pour éviter le pire. Les SS lui affirmèrent avoir trouvé à la cave des traces de couchages de "terroristes". Le lieutenant de Feldgendarmerie qui accompagnait le commissaire promit d’enquêter. Il ne trouva pas traces du quelconque hébergement de maquisards mais seulement des draps pour enfants. Les 5 domestiques, Labro et son beau-père furent emmenés au stade municipal d’Aurillac, lieu choisi par les Allemands pour les exécutions. Le commissaire et le Feldgendarme obtinrent la grâce de tous les hommes hormis Jean Labro, sur lequel le commandant SS fut inflexible.

Il fut fusillé à 11 heures du matin.
Son nom figure sur le Monument aux Morts d’Arpajon-sur-Cère. Il n’a pas de dossier SHD ou AVCC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article216977, notice LABRO Jean par Eric Panthou, version mise en ligne le 13 juin 2019, dernière modification le 4 mai 2020.

Par Eric Panthou

SOURCES : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 73 : crimes de guerre commis à Arpajon-sur-Cère . — Manuel Rispal, Auvergne 1945, Les chemins de la victoire, Hors-série La Montagne, avril 2005 . — Mémorialgenweb . — Arch. dép. du Cantal (Etat-civil, registres matricules).

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