Par Jacques Droz
Né le 31 mars 1817 à Eslohe (Sauerland), mort le 30 novembre 1893 à Dortmund ; socialiste lassallien.
Fils d’un fonctionnaire subalterne de religion protestante qui avait été envoyé en Westphalie pour s’opposer à la réaction catholique, Karl Tölke, avocat à Iserlohn, s’était constamment senti comme prussien. Si son éducation politique s’était faite au cours de la révolution de 1848 contre la triple domination des hobereaux, de la bureaucratie et du militaire, il s’était assimilé la pensée de Lassalle et était devenu un militant modèle de l’ADAV dont il fit siennes les thèses sur « la masse uniformément réactionnaire », la loi d’airain des salaires, la défiance à l’égard des syndicats et des grèves, le primat de l’action politique, la conception de l’unité allemande. Après la guerre austro-prussienne, il désigna Bismarck comme « le plus grand homme d’État de notre siècle » et prédit la formation de l’Empire sous le sceptre des Hohenzollern. Successeur de Bernhard Becker à la tête de l’ADAV, il contribua à promouvoir la destinée de Schweitzer qui le fit venir à Berlin comme son secrétaire. Il s’opposa avec succès, lors du congrès d’Eisenach (1869) qu’il tenta de dissoudre, à la fusion des deux partis ouvriers. Cependant, en présence des dissensions au sein de l’ADAV, de la nécessité d’un compromis avec Liebknecht, il contresigna le programme de Gotha tout en y maintenant de nombreuses clauses d’esprit lassallien. Il devait s’établir plus tard à Dortmund comme conseiller des mineurs, auprès desquels il acquit une grande popularité ; il participa à leur grève en 1889.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Caril Wilhelm Töckes Presseberichte zur Entwicklung der deutschen Sozialdemokratie 1848-1893, présentés par A. Herzig, 1976.
SOURCES : A. Herzig, Der ADAV in der deutschen Sozialdemokratie. Dargestellt an der Biographie des Funktionärs Carl Wilhelm Tölcke (1817-1893), Berlin, 1979 (compte rendu in Archiv fïür Sozialgeschichte, t. XXI, 1981). — Lexikon, op, cit.