Par Serge Cosseron
Né le 1er décembre 1893 à Samotschin, près de Bromberg, mort le 22 mal 1939 à New York (États-Unis) ; écrivain, publiciste et militant anarchiste.
Issu d’une famille de commerçants juifs, Ernst Toller fit des études secondaires à Bromberg, puis commença à Grenoble des études supérieures qui furent interrompues par la guerre. Après avoir fait quelques mois de service militaire, il fut réformé. Ce qui ne l’empêcha pas de s’engager comme volontaire dès août 1914. Versé sur le front en 1915, blessé à Verdun en mai 1916 et affaibli parla maladie et les privations, il fut déclaré inapte en janvier 1917. Il se lança immédiatement dans la dénonciation de la guerre et contacta groupes et personnalités pacifistes. En tant que dirigeant de l’Association politique des étudiants de Heidelberg, il adressa un appel aux universités allemandes pour protester contre « toute militarisation ». Il fut influencé par Kurt Eisner et Gustav Landauer, d’où son adhésion au mouvement contre la guerre, ainsi que par Max Weber qui témoignera à son procès après la Commune de Bavière. Début 1918, il fut arrêté lors d’une distribution de tracts demandant l’arrêt de la guerre. Adhérent à l’USPD, il prit la tête du parti après l’assassinat de Kurt Eisner et devint l’éphémère président du Conseil central de la République des conseils de Munich dont, par une erreur militaire, il précipita la chute. Arrêté en juillet 1919, jugé et condamné à cninq ans de travaux forcés, il fut emprisonné à la forteresse de Niederschönenfeld où il écrivit ses drames expressionnistes Masse Mensch (1919), Die Maschinenstürmer ( 1920-1921) et Hinkemann (1921-1922), avant d’être libéré le 15 juin 1924. Jusqu’en 1933, il allia ses activités théâtrales à la lutte contre le militarisme et contre les répressions en général, exposant ses vues dans de nombreuses conférences. En 1929, il adhéra au Groupe des pacifistes révolutionnaires (Gruppe revolutionärer Pazifiste). En 1933, il quitta l’Allemagne et fut déchu de ses droits civiques. Ses œuvres furent interdites et brûlées. En juillet 1934, Toller fit un voyage à Moscou où il rencontra Gorki à l’occasion du Ier congrès des écrivains soviétiques. Les écrivains allemands présents (T. Plievier, Gustav Regler, etc.) lui reprochèrent son « sentimentalisme petit-bourgeois ». Après avoir été en Espagne pendant la guerre civile, il se rendit finalement à New York où, désespéré, il se pendit. D’après Klaus Mann, « il n’y avait pas de lettre d’adieu pour nous expliquer ses raisons ».
Par Serge Cosseron
ŒUVRE : Gesammelte Werke, publié par W. Frühwald et J.M. Spalek, 5 tomes, 1978. — Eine Jugend in Deutschland, 1933 (réimpr. : 1978). — En français : « Poèmes de la prison », in Les Humbles, 1922 (préf. de R. Rolland). — « Masse, pièce de la révolution sociale au XXe siècle » (trad. par J.P. Samson), in Les Humbles, 1928. — Une jeunesse en Allemagne, 1974.
SOURCES : D. Bell, « A propos de Max Weber et de G. Lukacs », in Commentaire, no. 21, 1983. — W. Rothe, Ernst Toller, Reinbek, 1983. — H. Donat, K. Holl, Hermes Handlexikon. Die Friedensbewegung, Düsseldorf, 1983. — K. Mann, Le Tournant, Paris, 1984. — A. Lixl, Ernst Toller und die Weimarer Republik, Heidelberg, 1986. — Palmier, Weimar, op. cit. — Lexikon, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.