TORGLER Ernst

Par Gilbert Badia

Né le 25 avril 1893 à Berlin, mort le 9 janvier 1963 à Hanovre ; président du groupe parlementaire communiste au Reichstag, accusé de l’incendie du Reichstag, en rupture avec le KPD à partir de cette date.

Fils d’un ouvrier municipal, Ernst Torgler aurait voulu devenir instituteur. Les maigres ressources de sa famille ne lui permirent pas de faire des études. A onze ans il dut gagner sa vie comme coursier. De 1907 à 1909, il fit un apprentissage de ven­deur et fut successivement, de 1909 à 1925, employé, comptable, voyageur de commerce.
Dès 1907, il adhéra à l’Association des apprentis de Berlin et devint membre du SPD en 1911. Mobilisé en 1914, il fut élu en novembre 1918 vice-président du conseil d’ouvriers et de soldats de Neuruppin. En 1919, il devint membre de l’USPD ; conseiller municipal de Berlin-Lichtenberg de 1921 à 1930, il y anima l’opposition de gauche.
En 1920, il se prononça pour la fusion USPD-KPD. Élu député au Reichstag lors des élections de mai 1924, il se spécialisa dans le travail parlementaire. Bien qu’il n’eût jamais été membre du Comité central, il fut élu en 1927 vice-président et en 1929 président du groupe communiste au Parlement.
Au lendemain de l’incendie du Reichstag, Torgler apprit par la radio qu’il était soupçonné d’avoir mis le feu au bâtiment parce qu’il était l’une des dernières per­sonnes à avoir quitté le Parlement la veille au soir. Fort de son innocence et passant outre aux conseils de plusieurs de ses camarades, Torgler (belle preuve de naïveté politique) se livra à la police le 28 février 1933. Il passa plusieurs mois en prison, pieds entravés et mains enchaînées. C’est au cours du procès (21 septembre-23 dé­cembre 1933) qu’il s’éloigna du KPD, refusant de suivre les consignes transmises par le parti pour l’organisation de sa défense, acceptant d’être défendu par un avo­cat réactionnaire. Acquitté faute de preuves, il lut comme ses co-accusés (Dimitrov, Tanev, Popov) maintenu en détention.
En prison il reçut au début de 1934 la visite de quelques chefs des SA qui lui témoignèrent leur sympathie. Il fut libéré en 1936. Le KPD l’avait exclu lors de sa conférence « de Bruxelles » (1935).
En 1939-1940, d’après des documents figurant dans les archives du ministère de la Propagande, Torgler collabora aux émissions en français d’un émetteur nazi camouflé en poste communiste et baptisé « Humanité ».
En 1949, il adhéra au Parti social-démocrate de RFA et occupa un emploi dans le syndicat ÖTV (transports publics) à Hanovre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217124, notice TORGLER Ernst par Gilbert Badia, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 9 juin 2020.

Par Gilbert Badia

SOURCES : G. Badia, Feu au Reichstag, Paris, 1983. — Weber, Wandlung, op. cit. — Lexikon, op. cit. — Benz et Graml, op. cit.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable