Par Jacques Droz
Né le 29 juin 1817 à Bautzen, mort le 17 février 1870 à Leipzig ; révolutionnaire démocrate en 1848.
Fils d’un tricoteur qui travaillait à domicile, Samuel Tzschirner fit des études de droit et s’établit à Bautzen comme avocat, défendant à l’occasion de la loi sur le rachat des terres la cause des paysans contre les propriétaires terriens. En accord avec Blum, il fonda à Bautzen dans les premiers jours de mars 1848 un Vaterlandsverein, fut élu en avril à la deuxième chambre du Landtag saxon et, lorsque celui-ci fut l’objet d’une réélection en décembre et que les Vaterlandsvereine détinrent la majorité, prit la tête de l’extrême-gauche et soutint à la tribune une campagne dirigée à la fois contre la réaction féodale, la bourgeoisie libérale et les démocrates modérés, qui lui valut l’approbation de Marx et d’Engels dans la Neue Rheinische Zeitung. Il joua un rôle capital dans la préparation de l’insurrection de Dresde en mai 1849 dans laquelle il vit, du fait de l’emprise des Vaterlandsvereine sur la population ouvrière et rurale, le présage d’une seconde révolution allemande. Dans le gouvernement provisoire qui s’établit dans la capitale saxonne, il prit aux côtés de Bakounine une position de pointe qui selon certains auteurs allait avec l’ambition d’établir un pouvoir personnel, mais qui ouvrait la voie à une démocratie sociale. Après r« échec » de Dresde, Tzschirner se rendit dans le pays de Bade où il soutint aux côtés de Struve, contre le gouvernement présidé par Lorenz Brentano, les efforts du club républicain de Karlsruhe pour poursuivre la lutte militaire en faveur de la constitution du Reich.
Obligé de s’enfuir à Zurich, il créa sous le nom de Revolutionäre Zentralisation une organisation clandestine qui devait rassembler tous les groupements révolutionnaires, socialistes ou démocrates, qui prit quelques contacts avec l’Allemagne, mais qui ne put s’imposer en face de la Ligue des communistes, Tzschirner ne voulant pas s’incliner devant l’exigence du Manifeste communiste sur la lutte des classes. En 1854, il émigra aux États-Unis, revint en Allemagne en 1863 mais, malade, cessa de jouer un rôle politique. Ses amis démocrates s’étant refusé de le faire, ce fut Bebel qui prononça son éloge mortuaire.
Par Jacques Droz
SOURCES : R. Weber, Die Revolution in Sachsen 1848/49. Entwicklung und Analyse ihrer Triebkräfte, Berlin-Est, 1970. — R. Loeber, « Samuel Erdmann Tzschirner », in Männer der Revolution von 1848, 1, Berlin-Est, 1970. — Osterroth, op. cit. — BLDG, op. cit.