URBAHNS Hugo

Par Pierre Broué

Né le 18 février 1890 à Lieth/Süder-Duthmarschen, mort le 16 novembre 1946 à Stockholm (Suède) ; dirigeant communiste et oppositionnel.

Fils de paysans, Hugo Urbahns fit des études et devint instituteur en 1910. Et se lia au mouvement socialiste en 1912, mais sans adhérer au SPD. Engagé volontaire en 1914, il servit au front avant d’être réformé pour tuberculose et reprit un poste d’enseignant à Hambourg. Il adhéra à l’USPD pendant la guerre, à la Ligue Spartakus pendant la révolution de Novembre et au KPD dès sa fondation. Il devint l’un des dirigeants les plus connus du KPD, restant enseignant jusqu’en 1921. Il fut re­sponsable politique du district de la Wasserkante de 1921 à 1923 et membre du Comité central du parti. Il fut également conseiller municipal de Hambourg. On sait qu’en octobre 1923, au lendemain de la conférence de Chemnitz, l’insurrection ne fut pas décommandée à Hambourg : Urbahns la dirigea jusque dans la retraite, très vite nécessaire. Arrêté en janvier 1924, il comparut en justice en janvier 1925 et prit sans hésiter sur lui la responsabilité de l’insurrection. Il fut condamné à dix ans et considéré comme un héros par le parti et la presse du KPD. Libéré en octobre 1925, car il avait été élu au Reichstag en 1924, il se retrouva dans le KPD au moment où la « lettre ouverte » signifia le début de la lutte de Moscou contre la gauche. En août 1926, il vota contre l’exclusion du KPD de Ruth Fischer et de Maslow, contre­signa en septembre la « lettre des sept cents » et fut exclu en novembre 1926. Ani­mateur des communistes de gauche, il fut l’un des fondateurs du Leninbund et resta à sa tête au moment des défections, en 1928, des partisans de R. Fischer et Maslow, ainsi que de Scholem. Il entra en conflit avec Trotsky dès l’expulsion d’URSS de ce dernier et soutint l’exclusion du Leninbund de la minorité favorable aux thèses de Trotsky avec lequel il continua de polémiquer, tout en entretenant de bonnes re­lations personnelles. Il voulut très tôt faire du Leninbund un nouveau parti commu­niste et cessa dès 1933 de considérer l’URSS comme un « État ouvrier ». Il conti­nua d’animer en exil un Leninbund devenu groupusculaire, fut expulsé de Suède sur pression de l’URSS mais y resta, faute d’accueil dans un autre pays. Il travailla comme typographe et refusa de revenir en Allemagne après la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217132, notice URBAHNS Hugo par Pierre Broué, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 24 juin 2020.

Par Pierre Broué

SOURCES : H. Müssener, Exil in Schweden. Politische und kulturelle Emigration nach 1933, Munich, 1974. — Rœder et Strauss, op. cit. — Weber, Wandlung, op. cit. — Zimmermann, Le­ninbund, op. cit. — P. Broué, Trotsky, Paris, 1989.

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