VAHLTEICH Julius

Par Jacques Droz

Né le 30 décembre 1839 à Leipzig ,mort le 26 février 1915 à Chicago (États-Unis) ; socialiste d’inspiration lassallienne.

Membre de la communauté deutsch-katholisch de Leipzig, le jeune Julius Vahlteich tira ses premiers enseignements politiques des discours de Robert Blum au balcon de l’hôtel de ville et du départ des combattants pour les barricades de Dresde. Avant de connaître Lassalle, il avait fréquenté Weitling et les socialistes français. Établi comme cordonnier dans sa ville natale — son père voyait en lui un successeur —, il participa activement à la vie de son Arbeiterbildungsverein auquel il voulut donner, d’accord avec Fritzsche, Rossmässler et Dammer, une orien­tation non seulement éducative mais politique, notamment en faveur du suffrage universel. Ayant subi divers échecs dans sa tentative de libérer l’association de l’in­fluence de la bourgeoisie et conscient de ce que la Fortschrittspartei ne pouvait rien pour la classe ouvrière, il en détacha le groupe Vorwärts, d’avantage politisé qui, à la suite d’une visite à Berlin en novembre 1862, prit l’initiative de réunir un congrès des travailleurs et de prendre langue avec Lassalle pour l’établissement d’un pro­gramme. Envoyant un espion, le peintre Casimir Eichler, a Leipzig, Bismarck avait bien tenté — mais sans succès — de mettre la main sur la nouvelle organisation, en promettant le suffrage universel et la création de coopératives de production. Quand l’Association générale des travailleurs allemands (ADAV) fut créée (mai 1863), Vahlteich en devint membre du Comité directeur et secrétaire général et quitta Leipzig pour Berlin. Mais bientôt, dans son désir de démocratiser le mouve­ment, il fut contrarié par les manifestations d’autoritarisme et le culte de la person­nalité qui se développa autour de Lassalle ; il désapprouva ses relations avec Bis­marck. Au début de l’année 1864, il abandonna ses fonctions de secrétaire et se concentra sur la direction de la section de Dresde. Il souffrit cependant profondé­ment de l’hostilité que lui témoigna Lassalle dans les derniers mois de sa vie et de l’exclusion que décida à son égard la comtesse Hatzfeld.
Réintégré dans le mouvement social grâce à son ami August Vogt, il se rappro­cha de Bebel et de Liebknecht, entra dans le Vereinstag deutscher Arbeitervereine, contribua à créer une section de l’Internationale à Dresde et participa au congrès d’Eisenach en 1869, Dès lors, journaliste social-démocrate, il résida à Chemnitz comme directeur de la Chemnitzer Freie Presse où il accomplit un travail considérable d’éducation populaire, dirigé en grande partie contre l’influence dé­létère de Johann Most dont les partisans le traitaient de « socialiste bourgeois ». Nommé au Reichstag en 1871, il participa au congrès de Gotha où il demanda que l’on barrât la clause lassallienne, selon laquelle en face de la classe ouvrière les au­tres classes constitueraient « une masse réactionnaire unique » et plaida, avec le concours du poète ouvrier Max Kegel, pour que le vote des femmes fût inscrit au programme du parti. Il présida le congrès du parti à Wyden, Lorsque la loi contre les socialistes rendit son existence de journaliste impossible, il émigra aux États-Unis où il vécut comme cordonnier, photographe, puis journaliste ; il y écrivit un ou­vrage de souvenirs sur Lassalle, très sévère pour l’homme qu’il avait pourtant si for­tement admiré. Il mourut en 1915 à Chicago, non sans avoir protesté contre le vote de la social-démocratie en faveur des crédits de guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217133, notice VAHLTEICH Julius par Jacques Droz, version mise en ligne le 23 juin 2020, dernière modification le 9 juin 2020.

Par Jacques Droz

ŒUVRE : Der Parteikampf zwischen den Sozialisten in Deutschland, 187[?]. — Ferdinand Lassalle und die Anfange der deutschen Arbeiterbewegung, 1904.

SOURCES : H. Hümmler, Opposition gegen Lassalle, Berlin-Est, 1963. — S. Na’aman, Ferdinand Lassalle, Deutscher und Jude, Hanovre, 1968. — S. Na’aman, Lassalle, 2e éd„ Hanovre, 1971. — S. Na’aman, Die Konstituierung der deutschen Arbeiterbewegung 1962/63, Assen, 1975, — Lexikon, op. cit. — Osterroth, op. cit.

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